lundi 3 août 2009

Moi, Charlotte Simmons de Tom Wolfe

Charlotte Simmons est une célébrité dans sa ville de Sparta en Caroline du Nord. Ses exceptionnelles capacités intellectuelles lui permettent en effet d’intégrer la prestigieuse université Dupont. Elle va enfin pouvoir s’adonner à sa passion des études sans honte. Enfin c’est du moins ce qu’elle croit. Parce qu’elle va vite s’apercevoir que dans cette université l’alcool, le sexe et les fêtes ont une place bien plus importante dans l’esprit des étudiants que les études. Pas facile d’être différent et surtout de l’assumer. Même pour une jeune fille aussi volontaire et déterminée que Charlotte Simmons! Dès son arrivée à l’université, elle constate qu’elle dénote complètement des autres étudiants de par ses origines provinciales (elle vient d’un coin perdu dans les montagnes), son milieu social (modeste voire pauvre) et sa conception de la vie (elle est complètement innocente des choses du sexe et ne peut admettre que l’on puisse se laisser aller à boire de l’alcool au point de ne plus savoir ce que l’on fait). Du coup, elle se retrouve seule et a beaucoup de mal à l’accepter. Pourtant quelques étudiants sont comme elle mais leur amitié ne lui suffit pas : il lui faut la reconnaissance des gens « cool » qui sont « la référence » du campus. Il va sans dire qu’elle rêve aussi de clouer le bec à ceux qui se moquent d’elle, persuadée qu’elle est de pouvoir être acceptée malgré sa différence. Alors quand l’occasion se présente, peut-elle vraiment résister ? Mais n’est ce pas un peu jouer avec le feu? Même si les faits racontés peuvent paraître parfois un peu caricaturaux, cette envie de se fondre dans la masse est très réaliste, mais le constat est effrayant : un individu brillant a vite fait de devenir quelconque. Et tout cela pour que le regard des autres change et qu’il soit reconnu socialement…Cela mérite réflexion… En tout cas le personnage de Charlotte ne nous laisse pas indifférent, nous touchant mais aussi nous agaçant par sa naïveté, son orgueil mal placé. Avec beaucoup de talent l’auteur s’est attaché à nous faire partager les pensées intimes des autres personnes qui gravitent autour d’elle nous permettant ainsi de mieux comprendre leur comportement, ce que j’ai trouvé très intéressant et instructif. Nous avons ainsi un aperçu non seulement des sentiments de différents types d’étudiants mais aussi du système universitaire dans son ensemble avec ses excès, ses préjugés, ses dangers et les conséquences de tout cela sur l’avenir de chacun. Grâce à un style fluide, y compris dans les passages où l’auteur s’amuse à nous parler « patois fuck » (quand on pense qu’il a plus de soixante quinze ans !), on se laisse emporter par ce roman de plus de mille pages sans même s’en rendre compte. En conclusion, je me suis régalée de cette peinture au vitriol de la société américaine au ton acide et un tantinet provocateur. Nicole Vougny

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