mardi 25 août 2009

Le voyage du père de Bernard Clavel

L’histoire se passe au début des années 60. Nous sommes en hiver, perdus dans un petit hameau du Jura. Le père, Quantin, la mère, Isabelle, et leur fille, Denise, préparent les fêtes de Noël en attendant fébrilement Marie-Louise, l’aînée qui est montée à Lyon depuis quelques années pour se faire une situation dans le monde de la coiffure. Isabelle est admirative face à l’ambition de sa fille aînée et de son désir de ne pas rester prisonnière d’une vie qu’elle juge médiocre, au pays. Denise attend cette sœur prodige avec l’impatience d’une petite fille qui espère rencontrer une princesse de conte de fées. Même l’instituteur du village se languit de la visite de sa bien aimée. Quantin, lui, attend sa fille sereinement avec l’assurance tranquille du paysan maître de ses terres, de ses bêtes, en harmonie avec le temps qui passe, imperméable aux accès de mauvaise humeur de sa femme, sensible à la simplicité de Denise et complice des sentiments de l’instituteur. Cette quiétude est brutalement mise à terre par l’arrivée d’un courrier provenant de Lyon. Marie-Louise ne peut pas venir pour les fêtes, son emploi la retient en ville. Toutes les frustrations semblent alors éclater. La panique et l’amertume s’empare des personnages, Isabelle somme Quantin d’aller chercher Marie-Louise et de la ramener à la maison pour les fêtes. Le père entame alors un voyage qui lui ôtera tous ses repères, toute la maîtrise qu’il pensait avoir sur sa vie et celle des siens, ses certitudes réduites à néant. On pourrait presque voir dans ce roman l’antagonisme entre la nature et la culture. Clavel nous embarque dans une errance. Ici, la quête d’un père pour retrouver sa fille devient une descente aux enfers au fur et à mesure que l’on avance dans le roman. Clavel met de la force dans le personnage de Quantin qui reste debout pour aller jusqu’au bout tout en sachant préserver les siens. Il affronte seul les manques qu’il a eu en tant que père. Les descriptions de Clavel sont nettes, précises, colorées. Ce grand voyageur sait de quoi il parle, il s’attache à décrire les lieux parce qu’il les connaît, il s’attache également à décrire les personnages, leur façon d’être, leur peur, parce qu’il semble les connaître aussi. Christine BENASSAYA

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