vendredi 26 juin 2009

Post Mortem de Patricia Daniels Cornwell

Avant de se plonger dans ce livre de Patricia Cornwell, il faut que le lecteur prenne connaissance de l'année d'écriture: 1990. En effet, c'est à la fin des années 80 que l'analyse ADN fait ses premiers pas dans le domaine criminel. C'est en 1987 qu'un violeur britannique est, pour la première fois au monde, confondu par les traces de son ADN à Leicester. A la fin novembre de la même année, un violeur cambrioleur, aux États-Unis, est reconnu coupable et condamné grâce à une analyse ADN. Nous pouvons remarquer que l'analyse ADN est avant tout liée au crime sexuel dès son apparition. Et ce roman policier s'engage également dans cette vision.
Également lié à la temporalité du début des années 90, le matériel informatique commence à peine son installation dans les administrations, et seuls quelques particuliers disposent d'un ordinateur à leurs domiciles. Les disquettes sont le moyen habituel de stocker les données et la sécurité informatique n'est pas très avancée. PostMortem est un roman policier où la narratrice, Kay Scarpetta, est médecin légiste à Richmond, capitale de l'état de Virginie. C'est loin d'être une « petite ville paisible et sans histoire »: chaque jour défilent sur la table d'autopsie les tués par balles, les victimes d'accidents de la route, les drogués refroidis par une overdose,… Un jour pourtant une victime est découverte en ayant subit un sort encore plus sinistre que les précédents clients du Docteur Scarpetta. Patty Lewis a été surprise dans son sommeil, ligotée puis étranglée pendant son viol. Ce sera la première victime d'une série de crimes similaires, tous commis par un même psychopathe. Kay doit collecter et comprendre les traces laissées par l'assassin pour le mettre hors d'état de nuire. Mais alors qu'elle tente d'avancer dans son enquête, Kay se fait attaquer par les bureaucrates de la ville qui ne voient pas d'un bon œil l'ascension d'une femme au poste de médecin expert général du Commonwealth de Virginie. Quand quelqu'un s'introduit dans son ordinateur et que ses rapports se retrouvent dans la presse, le Dr. Scarpetta ne peut savoir s'il s'agit du violeur, d'une journaliste peu scrupuleuse ou de quelqu'un qui veut entacher sa réputation. Les suspicions isolent la légiste en fissurant la confiance entre elle et son assistant, ses supérieurs hiérarchiques, son amant,... Pour triompher de toutes ces batailles, le Dr. Scrapetta aura besoin de l'aide du policier blasé Pete Marino et de remettre en cause certaines parts de sa vie. Il y a les livres policiers où le personnage central mène à bien sa traque par son exploration de l'esprit humain et des interactions entre les protagonistes du roman. Il y a les livres policiers où la science joue un rôle majeur contre le crime. Post mortem ne se situe ni dans l'un ou l'autre de ces univers, l'aspect technique est maintenant dépassé et l'aspect humain n'est pas assez profondément exploité. Finalement (!!!Attention: élément révélateur de l'histoire!!!) le coupable n'apparait qu'à la toute fin du livre pour disparaître aussi brutalement. Ce sont donc les viols qui tiennent le rôle de l'élément maléfique. Si certains peuvent aimer ce criminel dissimulé dans la brume prêt à frapper, je préfère un criminel dissimulé dans un personnage connu du lecteur. Pour ces raisons, j'ai donc peu apprécié ce livre et n'en recommanderai pas la lecture. Laetitia Mens

mercredi 24 juin 2009

Secrets de voyage de Jean-Didier Urbain

Lors de ses déplacements, le voyageur a la possibilité de jouer un rôle à un moment donné. Que ce soit celui d’agent secret, d’un reporter infiltré ou d’un explorateur affabulateur, ces masques permettent de cacher une réalité, plus ou moins gênante. Dans ce costume, chacun recrée ou efface le morceau de vie qu’il ne veut pas partager. Mais « pour qui nous prenons nous lorsque nous voyageons ? ». Voilà la question que pose Jean-Didier Urbain dans l’épilogue de son livre. Loin de vouloir garder le secret, l’auteur nous montre tout au long de son exposé la route à suivre pour savoir pourquoi nous avons fait le choix de nous évader par ce biais. Jean-Didier Urbain nous apprenait dans un précédent ouvrage que l'idiot du voyage, c'était le touriste (L’Idiot du voyage. Histoire de touristes). Aujourd’hui, ce voyageur traîne encore derrière lui une mauvaise réputation et possède même quelquefois une connotation négative. Face à cette situation, le touriste peut alors être tenté d’aller se mêler à la masse des voyageurs secrets, que l’auteur présente dans ce nouvel ouvrage. Tout en nous présentant successivement le voyageur incertain, les voyageurs de l’ombre, les voyageurs du quatrième type, les évadés du quotidien ou encore le voyageur inexistant, il nous fait connaître dans ce livre les trois relations que le voyage entretient avec le secret, « à savoir : le secret de voyage (ce que l’on cache du voyage), le voyage secret (le voyage que l’on cache) et le secret du voyage (ce que le voyage cache, y compris au voyageur lui-même). » A travers ce triptyque, l’auteur nous fait découvrir de nouvelles pratiques qui permettent de considérer la clandestinité comme un voyage exotique et de voir l'invisible comme une nouvelle manière de partir à l'aventure. Mais au-delà des connaissances apportées par un tel livre, le style d’écriture de Jean-Didier Urbain associe, de manière très habile, la rigueur scientifique de l’anthropologue et la légèreté littéraire de l’écrivain. La richesse de ses propos nous révèle finalement les secrets de ces « voyageurs impossibles » que l’on croyait connaître à travers les lectures de récits de voyage ou notre expérience personnelle. Cet ouvrage est très agréable à lire et permet de se rendre compte au fil des pages que le sujet nous concerne tous. Pierre Sécolier

lundi 15 juin 2009

Divine Endurance de Gwyneth Jones

L’Asie, dans un futur lointain. Isolé au milieu d’un désert au climat impitoyable, le Palais est bien vide : seules restent la petite Lu et la chatte Divine Endurance. Pas vraiment une fillette, pas vraiment une chatte, mais en fait des « poupées d’ange », créées pour faire le bonheur de leurs maîtres en exauçant leurs désirs. Elles finissent par partir dans le Sud en quête de Di (le jumeau disparu de Lu) et des humains survivants. Les voilà bientôt dans la Péninsule, où vit une société décadente, opprimée sous le joug des mystérieux Maîtres. Divine Endurance recherche ces derniers, persuadée que Di les a rejoint. Lu part dans une autre direction, tombée sous le charme de Derveet, princesse sans trône à la tête d’un groupe de rebelles. Mais la chatte et la petite fille sont bien différentes : Tandis que Lu est douce et innocente, la chatte a une vraie nature féline : Elégante, intelligente… et indépendante, sans loyauté aucune. Dangereuse. Surtout quand on prend en compte le don des poupées d’ange de combler les attentes profondes du cœur humain, un don incontrôlable susceptible de faire d’eux les agents de la destruction de cette société moribonde… Une fois passé quelques premiers chapitres un peu longs où sont introduits les personnages principaux, Gwyneth Jones nous dépeint peu à peu une société post-apocalyptique qui fait réfléchir. Les nombreux personnages forment un contexte fouillé. Il y a ceux que l’on voit : nobles déchus, révolutionnaires divers, laissés pour compte… mais aussi ceux que l’on ne voit pas mais dont on ne sent pourtant l’influence : les Maîtres bien sûr, ces mystérieux conquérants retranchés dans leurs îles artificielles et que personne n’a revu depuis l’Ultime Rébellion, à l’exception peut-être de leurs âmes damnées les Koperasi ; mais aussi les Dapurs, harems clos emplis de secrets, d’où les femmes décident en silence de la politique de leurs Maisons. L’auteure nous fait clairement ressentir la complexité de ce monde au bord de l’extinction. Gwyneth Jones suggère souvent plus qu’elle ne dit réellement. C’est parfois troublant pour le lecteur, qui peut se sentir un peu embrouillé par ces allusions peu explicites, mais cela incite à se plonger toujours plus profondément dans l’histoire pour en découvrir plus. Si Divine Endurance, la chatte manipulatrice, a donné son nom au roman, c’est cependant à la petite Lu que je me suis attachée. Fraîche et candide, forte physiquement mais fragile intérieurement, elle se fait aimer instantanément tant des personnages qu’elle croise que des lecteurs, nous entraînant à sa suite dans sa découverte du monde et apportant au livre une petite touche tendre. Marie-Soleil Wienin

mercredi 10 juin 2009

Tsarina de Randall Wallace

En 1774, Kieran Selkirk est un jeune américain fougueux persuadé que son jeune pays va pouvoir se défaire du joug de l’oppresseur anglais. C’est pourquoi Benjamin Franklin le choisi pour l’envoyer en Russie. Sa mission est d’empêcher l’impératrice de Russie, Catherine la Grande, d’envoyer ses soldats aider les anglais à mater la résistance américaine. Fort de sa jeunesse, de son courage et de son enthousiasme, Kieran va toutefois vite s’apercevoir que cette mission va s’avérer encore plus difficile que prévu. En effet, il va lui falloir faire face, entre autres, aux manigances des anglais, au caractère entier des russes et à la dureté du climat. Plus connu pour ses talents de réalisateur (on lui doit notamment Braveheart et Pearl Harbor), Randall Wallace nous propose un roman d’aventure avec pour toile de fond la Russie au temps de Catherine la Grande. D’emblée, dès les premières pages du livre la cruauté de la nature russe nous saisit à travers une attaque de loups, dans un froid glacial. On imagine d’ailleurs très bien la scène que cela pourrait donner dans un film. Le décor est ainsi planté, reste donc à faire évoluer le personnage principal dans son rôle d’espion. Que ce soit lors de ses luttes contre les cosaques et les loups ou lors de ses obligations mondaines dans les diverses ambassades de Saint Petersbourg, notre beau jeune homme prouve à tous sa témérité, son courage, son honnêteté, sa sincérité aux dépends même des chances de réussite de sa mission. En plus, il rencontre l’amour, faisant fi des préjugés de classe sociale. Quel homme ! Il est vrai que notre héros est un peu trop parfait surtout que le milieu dans lequel il évolue est plutôt du genre manipulateur et égocentrique, mais on se laisse porter par la narration sans se poser de questions (il n’y a de toutes façons pas matière à s’en poser). J’ai néanmoins trouvé que d’avoir écrit ce roman à la première personne, enlevait du suspense à une partie de l’histoire, quoique que l’on se doute que cela finira bien. A part cela, pas grand-chose à dire de ce roman qui se lit facilement mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable... Nicole Vougny

lundi 8 juin 2009

Les aventuriers de la mer Tome I : Le vaisseau magique de Robin Hobb

Ce livre est le premier tome du cycle des aventuriers de la mer. Il nous plonge dans le monde de Terrilville, la cité des commerçants navigateurs. Il nous propose de suivre trois histoires parallèles : celle de Althéa, fille cadette d’une famille des commerçants réputés, Hiéman, cousin d’Althéa destiné à devenir prêtre de Sa et Kennit capitaine d’un navire pirate. Althéa rêve de piloter le Vivacia, un vivenef . Ce bateau est fait de bois sorcier ; Ce matériau permet au navire de prendre vie lorsque 3 capitaines de la même famille décèdent sur son pont. C’est à la mort du père d’Althéa que le Vivacia prendra vie. Althéa, qui a toujours voyagé sur le navire en compagnie de son père, sait que c’est elle qui commandera le Vivacia lorsque son père rendra son dernier souffle. Et pourtant, c’est sa sœur aînée qui reçoit le navire en héritage, et par la même, son mari Kyle. Nouveau capitaine du Vivacia après son éveil, Kyle décide d’exclure Althéa de son équipage. Il sait pourtant qu’après l’éveil, il faut qu’un membre de la famille de l’ancien capitaine soit à son bord pour que le navire puisse être contrôlé. Ainsi, Kyle décide d’embarquer de force son fils Hiéman afin de respecter cette règle. Exclue, Althéa fait la promesse qu’elle récupérera le Vivacia, à n’importe quel prix. Kennit, quant à lui, rêve de gloire et de puissance. Mais comment devenir chef des pirates alors que ceux-ci n’en désirent pas et préfèrent fonctionner dans l’anarchie et le chaos ? Il a un plan : développer un commerce avec les navires des marchands en leur proposant de les escorter afin de prévenir toute attaque de pirates ou de serpents de mer. Une fois encore, après le cycle de l’assassin royal, Robin Hobb réussit à nous envoûter dans un style simple et prenant tout en ramenant le lecteur sur les rivages maudits. Pourtant, ce roman m’a laissé immanquablement sur ma faim : c’est le démarrage d’un nouveau cycle, donc l’action est peu présente car c’est la mise en place d’une nouvelle histoire. L’auteur s’attarde donc davantage à décrire les caractères de chaque protagoniste, à situer l’action en décrivant l’histoire de Terrilville et des pirates et également à expliquer le fonctionnement du bois sorcier et des vivenefs. Le style est vraiment fluide, mais malheureusement, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’elle prolonge, dilue, volontairement son histoire. Pourtant, j’ai senti que les différents personnages vont vivre des aventures palpitantes, mais là, dans ce premier tome, je n’ai fait que l’entrevoir. J’imagine Althéa se démenant pour récupérer son navire et Kyle prêt à tout pour arriver à acquérir la fortune et le pouvoir. Attention, ce livre n’est pas dénué de qualité : un style efficace, accessible, des personnages charismatiques et un univers envoûtant, empli de magie, de légendes et de mysticisme. Les seules critiques que j’émets sont dues au fait que j’ai déjà lu le cycle de l’assassin royal et je n’ai pu que comparer les deux histoires et malheureusement, le premier tome des aventuriers de la mer est un cran en dessous. Et oui, je n’ai pas eu l’effet de surprise en découvrant un univers que je connaissais. De plus, Ambre, le personnage mystérieux de ce premier tome, ne l’est pas pour ceux qui ont déjà lu l’autre cycle de Robin Hobb. Pour conclure je dirais qu’il s’agit d’un bon roman qui promet une histoire où se mêle l’aventure et la magie, qui peut décevoir pourtant lorsque l’on connaît l’autre cycle de l’auteur. Florent OLLIVIER

mardi 2 juin 2009

Vieille France de Roger Martin du Gard

Joigneau, le facteur de Maupeyrou petit village d’une centaine d’habitants, part prendre le courrier qui arrive par le train de 55 et commence sa tournée à 8heures. Dès lors nous faisons connaissance avec les habitants du bourg, leurs soucis, leurs habitudes et leurs combines que Joigneau connaît bien. Notre facteur possédant déjà un bon bagou aime en plus sentir, renifler et même si nécessaire passer les lettres à la vapeur et ainsi être au courant de tout. Comme cela, de fil en aiguille, Joigneau fait et défait des intrigues. Les Belges cherchent une personne pour les aider dans leur vieillesse et bien Joigneau envoie Mauriçotte. Les Bosse et les Querolles, veulent prendre en viager la mère Daigne. Notre facteur y mettra son grain de sel. Et ainsi de suite avec les Ennberg, les Vernes… Bien entendu cela dans le but dans tirer un bénéfice. J’ai apprécié cette lecture qui est finalement une chronique ordinaire, d’un jour ordinaire dans un village ordinaire de France pendant l’entre-deux-guerres. La construction du livre fait penser à une multitude de tableaux qui se succèdent rapidement. Nous passons de la gare, à l’école, au bar-tabac, à l’épicerie, à la boulangerie et ainsi de suite. Nous survolons la vie des personnages où l’auteur met surtout en valeur l’ambition personnelle ou plutôt l’égoïsme de chacun pour essayer d’avoir plus que son voisin. D’autres descriptions du livre m’ont plu. L’organisation de la vie politique du village les gens de gauche au bar-tabac des Bosse et les gens de droite chez Mr Ferdinand le coiffeur, la présence de pensionnés de guerre, de veuves de guerre. La vision de Mr des Navières sur l’argent et le rôle de l’Etat est intéressante et d’actualité. Pour finir Roger Martin Du Gard nous montre que déjà les jeunes veulent quitter la campagne pour les grandes villes. Un reflet au vitriol de la campagne française des années 30, mais un reflet très authentique. Edouard RODRIGUEZ

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