lundi 6 juillet 2009

le coeur est un chasseur solitaire de Carson McCullers

La solitude et la quête de l’amour constituent l’essentiel de ce roman. Les personnages se croisent, se heurtent sans jamais réussir à se libérer du poids du destin. Comme un astre étincelant qui attire tous les autres, il y a Singer, sourd et muet, qui fascine tout le monde autour de lui. Parce qu’il est sourd, parce qu‘il se tait et ne discute jamais, il est par excellence l’interlocuteur idéal, celui qui comprend. Autour de lui gravitent Jake Blount, Biff le propriétaire du New York Café, l'adolescente Mick et le vieux docteur noir Copland. Tous vivent pendant les années trente dans la même ville du Sud des Etats Unis. En chacun d'eux, des peines, des douleurs, mais également des rêves. Pour Mick, l'adolescente qui hésite à quitter le monde de l’enfance, celui d'apprendre à jouer de la musique : elle s'est confectionné un violon qu'elle cache sous son lit. Biff passe ses journées et ses nuits à observer ses clients, il traque en eux la part d’humanité qui les rend plus beaux et l’enrichit. Jack que la vie passée a rendu à moitié fou, rêve d'un monde plus juste. Le docteur Copland, victime de harcèlements liés à sa couleur de peau, s’épuise à aider ses frères. Ces personnages se sentent seuls, abandonnés, jusqu'au jour où ils feront la connaissance de John Singer. Sans le vouloir, il attire leur confiance. Mais le silence dans lequel vit Singer n’est pas celui qu’ils croient. Le drame final dénouera tous les liens fictifs ou réels qui les unissent. Avec ce premier roman, Carson Mc Cullers brosse une véritable galerie de portraits. Chacun des protagonistes est traité dans son entier, mais chaque rencontre vient l’enrichir. Le roman est composé comme une fugue. Seul le personnage de Singer nous est décrit de manière extérieure et objective. Le lecteur est conquis par le style simple et clair, dépouillé de Carson Mc Cullers. Ici pas d’esbroufe, pas de mots rares, de figures surprenantes, rien de précieux. L’apparente simplicité, l’économie de moyens, participe de la fascination du lecteur pour ce lumineux et beau roman. Jacky GLOAGUEN

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