lundi 13 juillet 2009

Même les cow-girls ont du vague à l’âme de Tom Robbins

Même les cow-girls ont du vague à l’âme est avant tout un grand et magnifique récit excentrique. L’auteur y est omniprésent. Il intervient régulièrement et perturbe sans vergogne le bon déroulement de l’histoire. Il s’amuse à hacher le récit, à le bousculer en faisant fi des procédés littéraires usuels. En ne cessant d’apostropher le lecteur, il le fait rire, car avant tout il se moque de lui, de nous, de la société et de ses conventions. Tout du long, on rit, parfois on s’esclaffe, mais on garde toujours la bonne humeur qui sied à ce gros roman atypique. Si le style original bouscule les attentes du lecteur, si le bagout et la faconde de l’auteur l’interpellent, la complexité de l’histoire le fascine. Tout commence avec l’apparition de deux énormes, deux incroyables et gigantesques pouces. Sissy Hankshaw en est dotée et ne pourra rien faire comme tout le monde. Puisque ces deux appendices l’empêchent de se servir d’outils trop compliqués, puisqu’ils l’empêchent d’utiliser les armes, il est naturel qu’elle se fasse avant tout auto-stoppeuse. Elle nous entraîne dans son sillage à la rencontre d’une galerie de personnages tous plus fous et loufoques les uns que les autres. Ils sont nombreux, mais retenons pour exemple ce vieux sorcier indien, ce vieux nigaud, un ermite retiré en haut d’une vieille butte défraîchie, dernier sanctuaire d’une tribu indienne, les Siwash. Il est le gardien des dernières traditions, mais on l’appelle étrangement Le Chinetoque, bien qu’il soit japonais. Il refuse d’être ce que tous veulent qu’il soit, c’est à dire un gourou, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des choses à dire et à faire, en l’occurrence avec la belle Sissy, lui faire longuement l’amour. Tom Robbins brasse ici merveilleusement toutes les utopies des années soixante. C’est à dire le sexe, la drogue et la philosophie. Rien ni personne n’en sort indemne. Ni la littérature, ni la société américaine, encore moins la contre culture, pas même les grues. Jacky GLOAGUEN

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