mardi 6 juillet 2010

Piège pour cendrillon de Sébastien Japrisot

Elles s’appellent Mi, Do et La, ce sont trois amies inséparables qui ont une marraine nommée Midola. La meurt soudainement. Mi et Do grandissent, deviennent Michèle et Dominique et se perdent de vue, puis se retrouvent, peu avant le décès de marraine Midola qui laisse une grande fortune à ses héritiers. Suite à un tragique incendie dans lequel Dominique a péri, Michèle se réveille dans une chambre d’hôpital, gravement brûlée au visage et aux mains. Elle est devenue amnésique. Peu à peu, avec l’aide de proches, elle va essayer de reconstituer le fil de son existence jusqu’à l’incendie. Qui est-elle vraiment ?
J’ai beaucoup aimé ce livre tortueux et énigmatique. C’est le deuxième livre de Japrisot que je lis après : « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil ». On retrouve dans ces deux livres un questionnement sur la folie du narrateur.
Le début se présente comme une petite fable, à l’image d’un conte de fées, mais avec une dimension tragique puisque plusieurs décès sont rapportés. Ce premier chapitre intitulé « J’aurai assassiné » est capital. Je l’ai d’ailleurs relu après avoir tourné la dernière page du livre : il fournit des clefs de compréhension de l’histoire. Il ne faut pas se laisser rebuter par son côté mystérieux, la suite permet de lui donner sens.
Les différents chapitres ont des titres très courts et leur construction est très originale : on retrouve le verbe « assassiner » conjugué à la première personne du singulier à différents temps, depuis : « J’aurai assassiné » jusqu’à « J’avais assassiné ». Ces titres nous permettent de comprendre que Japrisot a écrit un policier, bâti autour d’un meurtre.
L’amnésie de la narratrice rend l’histoire encore plus captivante et mystérieuse : elle apprend des éléments de son histoire en écoutant ses proches lui en raconter des bribes. Ainsi, elle peut reconstituer sa vie par morceaux qui ne se suivent pas forcément et offrir ce puzzle complexe au lecteur.
Jusqu’à la fin, le lecteur se pose de multiples questions sur la narratrice. La construction du roman alterne des récits présents écrits à la première personne du singulier, sous forme d’un témoignage offert par la jeune femme amnésique, et des récits passés rapportés par des connaissances de la narratrice. On navigue entre l’amnésie actuelle et le souvenir, ce qui rend la lecture déconcertante, mais en même temps instructive et captivante. On progresse peu à peu vers le dénouement.
Un livre mystérieux, d’une construction déroutante mais passionnant de bout en bout. Une écriture précise et enchanteresse, avec beaucoup de dialogues, mettant en relief la psychologie des personnages.

Christelle GATE

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