mardi 4 décembre 2007

Courir avec des ciseaux d'Augusten Burroughs

Augusten a 12 ans lorsque ses parents divorcent. Son père est prof de maths et alcoolique, sa mère qui écrit des poèmes est psychologiquement fragile. D’ailleurs après avoir enchaîné plusieurs crises psychotiques, celle-ci est contrainte de confier son fils au docteur Finch, son psy. Mais au lieu de se retrouver dans un foyer parfaitement sain et équilibré, Augusten va être plongé au milieu de personnages pour le moins très pittoresques pour ne pas dire étranges. Tout d’abord, le docteur lui-même. Il a – il faut l’avouer - une conception de la médecine très particulière et plutôt contraire à l’éthique et la déontologie. Quant au reste de la famille... Jugez vous-même ! Agnès, son épouse, mange des croquettes pour animaux. Hope une des filles aînées, qui travaille avec lui au cabinet médical, détermine ce que sera l’avenir juste en ouvrant au hasard une page de la Bible tandis qu’il fait la même chose avec ses excréments. Nathalie, avec qui Augusten va tout de suite se lier d’amitié, n’a que 13 ans et a déjà vécu une expérience conjugale avec un de ses patients. Et Neil Bookman, ancien malade qu’il a adopté, va entretenir avec Augusten une liaison plutôt tumultueuse. Enfin je ne vous parle pas du taudis dans lequel tout ce beau monde vit. La poussière s’entasse sur les meubles comme le linge sur le sol ou la vaisselle dans l’évier.
Augusten Burroughs affirme s’être largement inspiré de sa propre enfance pour écrire ce livre. Je consens que cela a été d’abord assez difficile pour moi de croire que tout ce qui y était raconté lui était vraiment arrivé tellement la vie de cet auteur semble riche en péripéties. Qui pourrait bien avoir en effet vécu autant de choses à un si jeune âge, en si peu de temps et surtout des scènes aussi invraisemblablement surréalistes ou désespérément tragiques ? Ainsi le passage où le docteur Finch lit l’avenir dans ses propres déjections fécales est sans conteste d’une jubilatoire hilarité. En revanche, lorsque Augusten évoque sans tabou sa relation intime avec Neil, un adulte, le lecteur peut être choqué voire écoeuré tellement l’écriture est brute, les mots sont crus. Bien entendu ce serait dommage que de réduire le livre à ces quelques pages dérangeantes. Moi-même, j’admets m’être sentie un peu mal à l’aise en les parcourant mais en même temps le reste de l’ouvrage m’a beaucoup fait rire.
Marlène EVEN

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