lundi 17 décembre 2007

Le faiseur d’univers de Philip José Farmer

Qui n’a jamais rêvé, comme Alice, de traverser le miroir pour découvrir un autre monde ? Un univers empli d’êtres fabuleux : des sirènes, des centaures… C’est ce qui est proposé à Robert Wolff, un homme de soixante-six ans, lorsqu’il découvre une trompe enchantée. Celle-ci relie notre monde à l’Eden créé par un Seigneur mystérieux. Lorsqu’il décide de souffler dans cette trompe, il n’imagine pas les révélations personnelles qu’il va avoir tout au long de son périple dans l’Eden. Afin de libérer Chryséis, la créature dont il tombe amoureux, il va oublier sa vie dans notre monde et peut-être ne jamais revenir parmi nous. Au fil des pages, on découvre un univers à la géographie complexe : non pas rond comme notre Terre, mais en forme de cône où différentes ethnies peuplent les divers niveaux. Au sommet de ce cône se trouve le palais du Seigneur, créateur de ce monde. Malgré les différences importantes qui existent entre la Terre et l’Eden, Wolff semble particulièrement à l’aise dans cet univers, comme s’il le connaissait. De plus, à peine arrivé en Eden, son corps se transforme : il se muscle, retrouve sa jeunesse passée. Il rencontre de nombreuses espèces différentes au cours de son périples, mais se fait accepter par elles sans difficulté, comme si sa présence était une évidence.
Ce voyage initiatique est écrit à la manière d’un Space Opéra, comme en écrira plus tard Jack Vance (« la planète Géante ») : on est littéralement transporté dans cet Eden, comme Wolff, on sent, par exemple, les parfums de la forêt après la pluie et on imagine parfaitement la géographie de l’Eden. Certes, les descriptions sont courtes, les événements s’enchaînent à vive allure (peut-être trop vite parfois), mais Philip José Farmer parvient à nous transporter dans ce monde si étrange et, au final, les situations tellement décalées de notre quotidien, nous semblent presque évidentes et naturelles. L’aventure de Wolff lui permet de découvrir l’amour auprès de Chryséis, l’amitié presque fraternelle avec Kickaha, ainsi que la droiture et l’abnégation avec Laksfalk. Toutes ces belles rencontres seront contrebalancées par ses déboires avec Podarge, la harpie et, bien sûr, avec le Seigneur. Tous les sentiments humains sont donc justement décrits et mêlés, jusqu’à la scène finale où la rage de vaincre à tout prix cédera la place au désenchantement, à la désillusion, à la culpabilité mais aussi et surtout au désir de changer les choses pour faire un monde meilleur. Cette fin est déroutante et imprévisible ; et pourtant, en y réfléchissant, cela paraissait si évident… Si vous souhaitez partir en voyage dans un monde étrange et fabuleux, et suivre le parcours semé d’embûches de Robert Wolff, laissez-vous embarquer dans ce livre et de traverser le miroir. Florent OLLIVIER

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