mercredi 19 décembre 2007

Sans l'ombre d'un témoin d'Elisabeth George

Scotland Yard est sur les dents en ce début d’hiver. Le cadavre d’un jeune adolescent métis a été retrouvé dans un parc de Londres. Or il s’avère qu’il y a déjà eu d’autres crimes commis selon le même rituel, visant les jeunes métis en difficultés et qu’aucune enquête n’a vraiment été menée jusqu’à présent, les victimes n’ayant même pas été identifiées…Il s’agit maintenant de calmer l’opinion publique et de retrouver au plus tôt ce serial killer. Thomas Lindley et son équipe sont désignés pour cette tache qui apparaît bien difficile compte tenu de l’absence d’indices… Sans l’ombre d’un témoin fait parti des romans qu’on aimerait pouvoir lire d’une traite. Non seulement à cause de l’histoire captivante mais aussi parce que nous sommes littéralement enthousiasmés par l’écriture. Ce qui m’a surtout frappé et plu c’est le réalisme qui se dégage de l’histoire. Ici, pas de traits de génie, pas de hasards miraculeux, simplement la mise en valeur du travail de routine (contrôle d’alibis, recherche de témoins…) qui peut paraître rébarbatif mais indispensable au bon déroulement d’une enquête. Mais attention à bien faire la part des choses entre intuition, conviction et surtout de ne pas se laisser abuser par de fausses pistes nées de mauvaises interprétations ! Et puis comme on suit les personnages dans leur intimité quand ils rentrent chez eux, on les prend en affection parce qu’on se rend compte que leur vie finalement ressemble beaucoup à celle de monsieur tout le monde. L’inspecteur Thomas Lindley (qui est comte, riche, élégant, érudit) et Barbara Havers (la fille la plus mal fagotée de Londres, fumeuse invétérée et qui a son franc parler) ainsi que les autres enquêteurs sont des personnages récurrents que l’auteur fait évoluer au fil du temps et des romans. L’opposition de style plutôt amusante entre l’aristocrate et de son adjointe très « nature » est particulièrement bienvenue dans ce roman dont le sujet est très sombre. Les bas fonds de Londres, les meurtres qui visent des jeunes enfants métis issus de milieux défavorisés, le manque de moyens des institutions d’aide à la délinquance, les problèmes de pédophilie, de prostitution masculine, de gangs…tout cela n’est pas vraiment réjouissant ! En plus il se passe dans ce roman quelque chose de terrible dont je ne peux rien dire parce que cela nuirait à la lecture mais qui est vraiment admirablement traité par l’auteur, bien que ce soit un sujet très délicat… Comme on peut le constater, ce roman policier n’est pas vraiment amusant et même parfois déprimant. Cependant à la fin de la lecture, je suis restée un moment « secouée » avec la sensation d’avoir lu quelque chose de fort.
Nicole VOUGNY

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