Tout commence par un détail…Un excrément de chien qui irrite l’odorat de Kehlweiler, un ancien du ministère de l’intérieur, alors qu’il planque sur un banc d’une place de Paris. Le lendemain, après les pluies diluviennes de la nuit, il ne reste de cette déjection qu’un petit bout d’os qui, après vérifications, s’avère être un os humain, un morceau de phalange de pied d’une femme plus précisément…Evidement quand Kehweiler se présente au commissariat de quartier pour expliquer sa découverte, personne ne le prend au sérieux. Aussi pour prendre en faute le commissaire qu’il n’aime pas, il décide de mener son enquête avec l’aide d’un spécialiste du moyen age et d’un archéologue. La piste les mène dans un petit village perdu de Bretagne dans lequel est morte une femme par accident. Mais était ce vraiment un accident et ce petit village d’apparence si tranquille n’abriterait-t-il pas des personnages pas si respectables que cela ?
C’est fou comme un petit détail peut mener à une enquête bien curieuse…Il fallait être bien observateur pour remarquer ce petit bout d’os, et observateur Kehlweiler l’est sans aucun doute. Non seulement des choses mais aussi de la nature humaine, de ses habitudes ainsi que de celles de nos amis les chiens qui font leur besoin toujours au même endroit…
Tout au long de ce récit, Fred Vargas nous enchante avec son style bien à elle, simple et efficace : descriptions pertinentes et parfois très drôles, comparaisons amusantes, phrases courtes, dialogues spontanés. La façon qu’elle a de décrire des personnages, un lieu, une action, une réflexion est remarquable dans la mesure où on a l’impression d’être au cœur de l’action. On se laisse prendre aux fausses pistes et le dénouement est digne des scènes finales d’Agatha Christie. On retrouve aussi dans le ton une certaine poésie, un humour sous jacent qui fait que l’on se prend à sourire à la lecture même si l’on frôle quelquefois l’absurde. Mais ce côté légèrement décalé m’a beaucoup plu et m’a laissé un sentiment de satisfaction à la fin de la lecture avec le regret que l’histoire soit déjà finie.
Et puis les personnages sont tous attachants, en particulier Kehlweiler .Celui qu’on appelle l’allemand est à la fois très professionnel, un peu marginal, limite maniaque (il note tout dans des carnets, il collectionne tous les faits divers de France qui paraissent dans les journaux), mais aussi très humain: une vieille prostituée, un photographe qu’il a entrepris de former à sa façon de travailler, un flic qui s’est fait renvoyer pour avoir protéger un coupable faisant partie de ses amis. Sans compter son animal de compagnie qu’il promène partout avec lui dans sa poche et qui n’est autre qu’un crapaud, à qui il parle, ce qui peut dérouter ses interlocuteurs…
Il n’y a pas à dire, j’aime l’atmosphère particulière qu’il y a dans les romans de Fred Vargas et celui-ci fait partie de ceux qui m’ont le plus plu.
Nicole VOUGNY
jeudi 31 mai 2007
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