mercredi 4 juin 2008

Livre de sang de Clive Barker

Que peut-il y avoir de commun entre : un vrai-faux médium, un train dans lequel se déroulent de cruelles aventures, un esprit maléfique qui hante et maltraite un homme tranquille, une sombre histoire de truie qui ne mange que de la viande humaine, un théâtre qui donne lieu à d’étranges rencontres entre comédiens, et un affrontement très singulier entre deux cités voisines ? La réponse est sans appel : la mort.
C’est en tout cas comme cela que Clive Barker voit les choses à travers ce « Livre de sang ». Evidemment, chacun se doute que chaque mort à venir dans ces nouvelles n’arrivera pas par accident : elle va s’immiscer tout doucement dans chacune d’entre elles. L’auteur détient une recette infaillible : les récits débutent presque banalement pour tous se terminer en apothéose, comme un feu d’artifice qui irait crescendo avec un bouquet final grandiose. On se sent happé sans pouvoir se détacher des lignes qui défilent sous nos yeux, nous obligeant presque à aller au bout de l’histoire pour en connaître le dénouement. Sur ces six nouvelles, deux ont ma préférence bien qu’elles soient complètement différentes, et n’étant pas les plus horribles ou sanglantes. « Jack et le cacophone » est un petit bijou. Un esprit maléfique va tout tenter pour rendre fou un homme sans histoire, qui de son côté, est sûrement le plus zen de la terre. On sent au fur et à mesure que la tension monte entre les deux, et on est bien en peine de deviner lequel des deux va l’emporter sur l’autre. C’est une vision très personnelle de Clive Barker de ce qu’on appelle les Poltergeist, une vision presque drôle et assez touchante. J’en suis presque arrivé à plaindre cet esprit malfaisant. « Dans les collines, les cités » est très novatrice et je me demande où l’auteur est allé chercher une histoire aussi originale. Deux hommes se perdent au fin fond de la Yougoslavie et se retrouvent bien malgré eux au cœur d’un affrontement entre deux cités, affrontement qui n’a lieu que tous les dix ans pour que chaque habitant puisse s’y préparer correctement. L’originalité vient du fait que ces êtres humains ne sont pas armés, et qu’ils vont se livrer à un combat très particulier. L’horreur est bien sûr au rendez-vous. Clive Barker entame avec ce « Livre de sang » (le n°1) une série sur l’horreur et la cruauté qui sont enfouies au plus profond de chaque être vivant. Même si ce ne sont que des histoires inventées de toute pièce, on en frémit car après tout, bon nombre d’entre elles pourraient être des faits divers dont on entend parler quotidiennement. Un autre aspect du talent de Clive Barker est la faculté de terminer ses nouvelles comme il se doit : avec une vraie chute, et qui à chaque fois n’est pas bâclée. J’avais déjà lu les « Livre de sang » 2 et 4, mais celui-ci est mon préféré.
Laurent ENGLE

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