vendredi 2 octobre 2009

Le rêve de Saxe de Michel Chaillou

Le rêve de Saxe n’est pas un roman comme les autres. Peut être est-ce une rêverie, un bavardage… Un homme parle. Est-ce Michel Chaillou ou un autre, un double ou bien un personnage imaginaire, professeur comme lui et amateur du XVIIIème siècle. Qu’importe ! Il nous entraîne à sa suite dans les méandres érudits de sa glose. L’homme essaie d’écrire sur l’amour, il mène l’enquête sur l’art d’aimer, les mots d’amour et les tendres aveux. A la vieille Bibliothèque Nationale ou sur les quais, il interroge les livres. Le XVIIIème siècle est son plaisir. Le roman est une belle et longue méditation, entrecoupée des interventions de son épouse, d’un conservateur ou d’un guide, parfois d’une passante ou d’une courtisane de la Cour de Louis XV. Les époques se mêlent, le narrateur s’embrouille. Le passé se raconte au présent et le quotidien s’illumine d’insolite. A-t-on à faire à un vieux fou ou à un merveilleux personnage habité de sa passion. Le savant bavardage est vagabond, volubile. L’homme soliloque, il s’emmêle et se retrouve, il déraille parfois. Il baptise sa femme du nom d’une actrice de l’époque, la Gaussin ; elle entre dans son jeu pour son plus grand plaisir, elle le laisse faire et les voilà transportés tous les deux en d’autres temps. Les épisodes où le passé habite le présent se succèdent. Le maître nageur de son fils, danseur à ses heures, se confond d’ignorance quand le narrateur énumère d’illustres chorégraphes contemporains … de Louis XIV. On sourit avec lui, on n’est pas tous contemporains de la même époque. Michel Chaillou est un maître du maniement de la langue. Son style, son phrasé comme on dit en musique, est unique et enchanteur. Il y a là de fulgurantes beautés. Les idées vagabondent, de nulle part elles arrivent n’importe où. Le rêve de Saxe se lit à haute voix. Il est vivant. Parfois espiègle pour un lecteur attentif. Jacky GLOAGUEN

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