mercredi 21 octobre 2009

Mortes-eaux de Donna Leon

Par un beau matin de printemps, les corps de deux pêcheurs de palourdes sont retrouvés dans leur bateau à Pellestrina, une petite île de la lagune de Venise. Les premières constatations montrent qu’il s’agit d’un double assassinat. Le commissaire Guido Brunetti de la questure de Venise est chargé de l’enquête. Ce qui se révèle très difficile étant donné que les habitants de l’île se ferment comme des huîtres à la moindre question posée par un policier. Comment va-t-il bien pouvoir s’y prendre pour trouver le coupable ? C’est bien là tout le nœud du problème…Faire parler les gens alors que l’omerta est de rigueur. On pourrait croire que cette loi du silence est surtout de mise dans le milieu de la mafia mais la méfiance à l’encontre des forces de l’ordre est inhérente à l’Italie et en particulier à certaines communautés qui vivent quelques peu repliées sur elles-mêmes, comme celle de ces pêcheurs de palourdes. Outre cette loyauté que l’on doit à sa famille, l’enquête est aussi compliquée par la méfiance des différentes forces chargées du maintien de l’ordre les unes envers les autres. Alors en désespoir de cause, le commissaire en est réduit à faire appel à des connaissances pas très vertueuses à qui lui ou sa femme ont rendu un grand service, tout en gardant à l’esprit qu’à son tour il leur sera redevable d’un service, ce qui peut se révéler à double tranchant…Sans oublier que la plupart du temps les policiers arrêtent les coupables mais ensuite des avocats habiles ou des juges incompétents les font sortir de prison. Voici en gros l’environnement dans lequel notre pauvre commissaire évolue dans ce roman. Autant dire qu’il risque bien de ne rien pouvoir prouver…Mais finalement découvrir le meurtrier paraît presque secondaire dans l’histoire telle qu’elle nous est racontée. Le plus important c’est la façon dont l’auteur arrive à nous immerger complètement dans l’atmosphère de cette petite île de Venise, juste avec son écriture fluide et terriblement efficace. On a vraiment l’impression d’être au cœur de l’action, de tout partager, que ce soit le temps, les repas, les pensés, les sentiments non seulement du commissaire, personnage attachant par sa vulnérabilité, sa simplicité, ses doutes, mais aussi des autres intervenants. J’ai vraiment été charmé par ce livre riche en images, en sentiments, en réflexions… De plus nous découvrons une toute autre Venise bien loin des clichés touristiques. Moi qui n’ai pas la chance de connaître, cela m’a fait bien envie...Les temps étant ce qu’ils sont, je me contenterai sans doute de lire avec grand plaisir une autre enquête du commissaire Brunetti. Nicole VOUGNY

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