vendredi 24 septembre 2010

Chêne et chien de Raymond Queneau

La vie d’un lecteur réserve toujours de merveilleuses surprises. Rencontrer l’œuvre de Raymond Queneau en fait partie. Dans le ciel des lettres françaises, il est pour tout amoureux de la langue française et de l’imagination une comète à nulle autre pareil. Il a beau être mort en 1976, il reste plus contemporain que nombre d’écrivains qui ornent encore le petit écran de télévision de ce début de vingt et unième siècle.
Chêne et chien n’échappe pas à cet enchantement. C’est un  recueil de poésie tout à la fois savant et drôle, ludique et joyeux. Raymond Queneau en un pied de nez tout à fait sérieux et savoureux l’a sous titré « roman en vers ». Le poème se découpe en trois parties distinctes qui regroupent plus d’une vingtaine de poèmes. Ils sont constitués de vers de huit, de douze ou de seize pieds, quand ils n’adoptent pas tout simplement une versification libre. Queneau les alterne dans un joli jeu musical.
Le roman est une autobiographie parodique et psychanalytique. On y apprend tout ce qu’il faut sur sa naissance et son enfance, bien plus qu’il n’en faut même, puisqu’ il s’allonge sur le divan. Pourtant on y parle de choses bien peu poétiques, du Crédit Foncier, des bons de Panama, de Buffalo-Bill et de cornet acoustique… Passées à travers la poésie de Raymond Queneau, toutes  ces choses acquièrent leurs lettres de noblesse estampillées NRF. Car Raymond Queneau s’empare de tout, de la langue parlée et des plus crues images de notre société pour les transmuer en merveilles. La poésie se régénère à travers lui, elle grandit tout en continuant à nous toucher.
Lisez Queneau, ses fabuleux romans et sa désarçonnant poésie, pour retrouver un peu de la joie et de l’insouciance dont notre monde actuel manque tant. Lisez la Petite cosmogonie portative qui fait suite à ce recueil et vous découvrirez un penseur et un mathématicien.


Jacky GLOAGUEN

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