mardi 26 octobre 2010

Utopia de Allen Roger McBride

La planète Inferno porte bien son nom : Son terraformage ayant été bâclé, elle devient peu à peu invivable pour ses habitants. Pour la sauver, un jeune scientifique propose au gouverneur Alvar Kresh un pari fou : Diriger volontairement sur la planète une comète éclatée, dont les impacts permettront ensuite la création d'une mer polaire. Si le projet semble délirant, il est d'autant plus difficile à mettre en oeuvre qu'il s'agit d'une planète de Spatiaux : Les innombrables Robots qui les servent sont soumis aux Trois Lois de la Robotique, qui leur enjoignent de protéger les Humains de tout danger potentiel et donc de tout projet risqué !
Pour complexifier un peu la situation, il faut également ajouter de nombreux groupes aux intérêts variés : les Colons, responsables du projet de re-terraformage et qui voient d'un mauvais oeil qu'on marche sur leurs plates-bandes ; les Robots Nouvelles-Lois, soumis à des règles moins restrictives que leurs congénères et ivres de liberté, qui terrifient la plupart des Humains ; le plus effrayant encore Caliban, l'unique Robot Sans-Loi, qui n'obéit qu'à lui-même ; et les extrémistes de Simcor Beddle qui ne croient pas aux problèmes écologiques et veulent se débarrasser de tous les groupes précédemment cités...
Si tous ces éléments ne nous laissent pas le temps de s'ennuyer, ils ne laissent guère de place non plus à l'intrigue policière. Présentée en prélude, celle-ci ne redeviendra vraiment d'actualité que dans les cinquante dernières pages ! Entre temps, nous avons plutôt affaire aux problèmes de conscience du gouverneur Kresh : Faut-il ou non faire chuter la comète ? La question permet également à l'auteur de développer (avec quelques incohérences d'ailleurs) des conflits d'obéissance aux Trois Lois chez les robots, déchirés entre les intérêts à long terme du projet et ses dangers immédiats.
Ceci ne permet pas de cacher que le robot Caliban, l'unique robot à l'esprit vraiment libre et qui a donné son nom à la trilogie, se fait dans ce troisième tome voler la vedette. Si on le voit souvent au fil des pages en compagnie de son ami Prospéro, chef autoproclamé des Robots Sans-Loi, sa présence ne sert guère le récit, bien que l'auteur ait recollé les morceaux pour lui permettre d'intervenir dans le final. D'ailleurs, si je ne peux guère vous conseiller de ne pas regarder la couverture, je vous recommande quand même de ne pas lire la présentation de l'éditeur, sous peine de tout deviner trop tôt !
Côté style, Roger McBride Allen a essayé de rester dans le ton du maître Isaac Asimov, qui a donné son aval à l'utilisation de ses idées dans cette trilogie (les Trois Lois de la Robotique, le contexte global avec les différents entre Spatiaux et Colons). D'ailleurs, Alvar Kresh a un faux air d'Elijah Baley, cher aux lecteurs du bon docteur... L'écriture est fluide, c'est simple, cela va droit au but. L'environnement n'est guère détaillé, les descriptions sont utiles et concises. Bref, pas besoin de se faire des noeuds au cerveau, cela se lit tout seul. Une agréable manière de se replonger dans l'univers "asimovien" sous la plume d'un autre auteur !


Marie-Soleil WIENIN

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