Marcel Proust, auteur et personnage : si l’écriture devait avoir un synonyme ce serait bien celui de « proustien ». On découvre dans ce livre très bien écrit et érudit (les références sont soignées et vérifiées) une vision par la lorgnette de l’écrivain : de sa chambre ritualisée, aux soirées des salons nocturnes où il aimait rencontrer du beau monde et racontait dès son retour matinal à Céleste « sa femme à tout faire » ou à ses lecteurs ses morceaux de vie qu’il aspirait par son regard.
Dans ce livre on assiste en filigrane à l’arrivée de sa mort attendue mais trop brutale pour tous ces admirateurs. On lit des anecdotes recueillies sur ce qu’a aimé, ce que n’a pas aimé, ce qui a fait la vie de Marcel, sa maladie, son enterrement, ses proches. C’est par eux que l’on peut connaître un peu de ce que fût « l’énergumène Proust » et l’auteur par nostalgie se laisse aller à des suppositions… s’il avait vécu encore 40 ans aurait-il aimé tel film, tel politique ?
On ne s’arrête pas longtemps sur des détails, on apprend de petites touches, on sourit car Marcel Proust était vivant même dans sa maladie, il a écrit jusqu’à sa fin insatisfait de la fin de son Temps. Avant d’être immortalisé par des auteurs admiratifs de son œuvre, il fut pris en photo et peint par de grands noms (Nadar) avec sa barbe noire unique relief inédit de son corps blanc et sans vie.
Pour lire A la recherche temps perdu (8 tomes), il faut de la patience, de la confiance et ne pas croire que cela n’est pas à sa portée de lecteur. Si on aime l’écriture et les phrases qui nous parlent, Proust est un génie qui nous entraîne dans sa folie et s’y laisser prendre c’est passer de belles heures de pensées et réflexions sur l’amour et la vie. Tout simplement.
Alors Jérôme Prieur qui a reçu un prix littéraire du nom prémédité de Céleste (femme de chambre essentielle à la vie de Proust) en 2001, retrace ici un peu du quotidien de ce grand homme pour nous le faire apprécier avec ses défauts et ses manies. Et nous plonger dans la vie artistique du début du siècle, entre Cocteau et Manet, entre les dames et l’église drapée de noir qui vit la fin de Proust… éternel fantôme pour tous ceux qui se retrouvent pris au piège des phrases du maître de la condition humaine, qui parle avec nos mots en décrivant presque trop bien ce qu’est le monde
Fanny JOLIVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire