lundi 14 janvier 2008

L'Impératrice de la soie Tome II - Les yeux de Bouddha de José Frèches

"Cinq défenses", jeune moine intègre et dynamique, envoyé par son Supérieur "Pureté du vide" au monastère tibétain de Samyé pour lui ramener le sûtra de la "Logique de la vacuité pure", ne sait pas vers quels dangers son maître l'a précipité à son insu. Sur sa route il rencontre Umara, la fille d'Addai Aggai dirigeant de l'église Nestorienne, dont il tombe éperdument amoureux en dépit des vœux de chasteté qu'il a prononcé. Ensemble ils vont tenter de sauver les jumeaux célestes devenus les protégés de l'impératrice au grand dam de la police impériale. Parachutés au carrefour d'un inextricable imbroglio de trafic de soie, de reliques religieuses essentielles à la stabilité de la paix entre les différents courants du Bouddhisme, de massacres perpétrés par les Turcs et de "Nuage fou" alias Rahula indien adepte du tantrisme, drogué et assassin, prêt à tout pour s'octroyer le pouvoir religieux jusqu'à se mettre lui aussi sous la protection et au service de l'Impératrice Wuzhao, leur amour sera durement mis à l'épreuve.
Dans ce second tome de "L'Impératrice de la soie", la fresque continue, les situations s'enchaînent sans répit, les histoires parallèles se suivent et se percutent violemment dans une parfaite cohérence où l'inédit n'a d'égal que l'incroyable voyage dans le temps et l'espace qu'offre "Les yeux de bouddha", suite du premier tome "Le toit du monde". C'est la succession du bras de fer entre divers courants religieux qui pour satisfaire le prosélytisme nécessaire à leurs expansions, n'hésitent pas à enfreindre les lois et à défier l'empereur de Chine. Les moines et adeptes de base ne sont que les abeilles de ruches bouillonnantes que les Supérieurs manipulent au gré de leurs intérêts, sujets-cautions des puissants et éléments négligeables. José Frèches avec ce second tome ne fait pas tomber la pression, le suspens et l'imprévu. Comme dans un tourbillon facétieux, les personnages liés par des intérêts communs, des liens familiaux ou religieux, sont ballottés jusqu'à se remettre en question et à redéfinir leurs idéaux. Là encore l'auteur nous montre que rien n'est jamais acquis et figé, que les événements sont plus forts que les projets que nous formulons, et sans cesse ils nous forcent au renoncement, pour rebondir dans ce que la vie a de plus intime, l'instinct d'aller de l'avant pour mieux s'aimer. On ne peut attendre au milieu de cette trilogie la révélation finale que l'auteur sait faire monter en puissance pour nous tenir en haleine. Tels les mets d'un même repas les chapitres et au-delà les trois volumes attisent notre gourmandise et se dévorent goulûment, sans même étancher la soif de connaître la suite que la fin saura peut-être calmer et avec elle cette faim.
Frédéric MOLLICA

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