vendredi 18 janvier 2008

Un secret de Philippe Grimbert

Le narrateur est chétif, malade. De par son état, il se retrouve isolé des autres enfants. En outre, ses parents sont très déçus de ne pas avoir un garçon vigoureux et sportif comme eux-mêmes le sont. En effet, la mère est une nageuse hors pair. Le père est un athlète sans concurrent. Pour faire face à cette situation, l’enfant s’invente un frère. Bien sûr, ce frère est fort, domine tout le monde ; bref il est le meilleur sans aucun doute. Ce frère imaginatif lui permet de « supporter » la vie quotidienne mais aussi la vie d’après guerre. En effet, l’histoire se déroule en France après la seconde guerre mondiale. La vie pourrait continuer ainsi sur ce mensonge. Si ce n’est… qu’un jour, il découvre, grâce à l’amie de ses parents (Louise), que ce frère imaginatif a réellement existé. La vie du narrateur s’écroule alors… cette vie qu’il dirigeait dans son monde intérieur doit surmonter la vérité… cette vérité qui se déroulait durant l’holocauste. Abasourdi, il découvre que ses parents, avant de se marier, étaient beau-frère et belle-sœur. Il apprend ce que fut la vie durant la guerre : la fuite devant l’ennemi, le port de l’étoile, le passage en zone libre, les trains partant pour les camps de concentration. Tout se bouscule dans sa tête. Mais heureusement, le narrateur gardera la tête froide et aidera ses parents en fin de vie à supporter ce terrible secret.
En ouvrant les premières pages de ce livre, on pourrait croire que l’auteur se contentera de raconter ce frère inventé. Or, il n’en est rien. A travers la découverte du lourd secret familial, le lecteur découvre la vie durant la guerre. Cette vie n’est pas vécue par un enfant, mais par un adulte. La transmission du secret est parfaitement rédigé : les yeux de l’adulte ont vu, mais il est raconté de telle façon que l’enfant puisse comprendre la détresse psychologique de l’époque. Il n’y a aucun jargon historique, aucun parler historien… Le récit est écrit de façon simple et surtout très limpide. Bref c’est un véritable roman que vous avez entre les mains. Ce n’est pas ici un énième livre sur la seconde guerre. C’est une histoire vécue d’un autre genre, d’une autre dimension. Face au secret, l’enfant réagit en menant une réflexion de son âge : « doit il parler ouvertement à ses parents ou au contraire se taire et aggraver alors sa détresse personnelle ? » On voit très bien aussi dans ce roman, le rôle crucial de l’amitié qui ne faillit à aucun moment. Louise, l’amie des parents, est la clef qui ouvre la porte à la vie… C’est un livre à lire et à relire pour ne pas oublier les affres de la seconde guerre.
Christine BELLOT

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