mardi 28 juin 2011

Nous serons comme des Dieux de Eve De Castro

Bâti sur un épisode de l'Histoire de France, le roman met en scène Philippe d'Orléans, neveu deLouis XIV et futur régent. Proche du Soleil, il en voudrait sa part. « Nous serons comme desdieux », le titre d'un futur ambitieux, l'avidité d'un pouvoir sur le monde ! Un jeu de narrateurs
alternés porte le texte, du « je » au « il », du passé remémoré au présent d'une mémoire assombrie.
Philippe d'Orléans est uni, par volonté royale, à la dernière bâtarde légitimée du Roi et de son ancienne maîtresse Mme de Montespan. De cet arrangement malheureux, vont naître de nombreux enfants, accueillis dans le froid glacial de la haine et du mépris. Certains meurent. D'autres
survivent parfois par miracle, telle Élisabeth. Sauvée par Philippe, elle devient sa plus fidèle alliée.
Sa cadette, Adélaïde, en concevra une jalousie sans bornes. Tout oppose les deux sœurs et ravive sans cesse leur rivalité. Élisabeth trempe un tempérament immoral dans la fange de la noblesse de cour. Pour un avenir glorieux, aucune bassesse ne la répugne. À l'opposé, Adélaïde se veut pure et a l'ambition de sauver les âmes de sa famille : « A votre boue, j'ai pétri mon destin », avoue-t-elle dans les mémoires qu'elle nous livre. Elle entre alors au couvent tandis qu'Élisabeth vit une relation incestueuse avec Philippe, leur père. Mais trop de rancœur domine l'esprit de Dieu pour Adélaïde.
Et aucune piété religieuse n'empêche l'accomplissement du Mal. Sœur Adélaïde refuse ainsi le secours qui aurait pu sauver Élisabeth. Celle-ci meurt, rejetée de tous, y compris du rituel catholique. Seule auprès de ce père qu'elle a tant cherché, Adélaïde ne pourra éviter sa chute. Le Régent, piètre politique, précipite les finances du Royaume dans l'abîme et le pays dans le chaos.
Du fond de son couvent, Adélaïde s'abandonne désormais au tombeau : « Je n'étais que mémoire.
C'est peut-être cela la mort ». Et la délivrance divine, pense-t-elle seulement y avoir droit ?
Entre intrigue historique et étude psychologique, ce roman d'Eve de Castro nous imprègne, longtemps après sa fin, d'une force narrative remarquable. Le monde qu'elle tisse, une cour dépravée et amorale, nous ramène au présent. Sommes-nous si éloignés des débauches d'ambition et de cupidités morales, ces esprits près à tout pour un instant de gloire et de fortune ?


Florence VALET

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