mardi 13 septembre 2011

Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, play-boy et taulard de Christophe Rocancourt


Un « Moi » se revendique d'entrée de jeu, photo à l'appui en couverture. Ainsi Christophe Rocancourt affiche sa personnalité multiple, histoire de nous provoquer dès le titre. Pourtant, il s'en remet à Dieu et envoie ce livre-message à ses enfants. Ce récit autobiographique promet d'être dense et sans surprise devient tortueux au fil des pages. « En une vie, j'en ai vécu dix ». L'orphelin a connu le vide, le play-boy est grimpé au sommet des richesses, le taulard est redescendu de « sa vie de seigneur », dans les bas-fonds d'une prison canadienne. Mais de ce parcours atypique – qui rappelle l'éclair Jean Genet – Christophe n'en regrette rien. Il revendique même ce choix « c'était
cette vie-là ou la mort ».
Né en 1967 à Honfleur (Normandie), il est abandonné cinq ans plus tard, près d'un monument aux morts et bien sûr d'une église. Une prostituée peut-elle trainer un môme et vivre auprès d'un alcoolique éperdument amoureux ? Les années d'orphelinat et les séjours en familles d'accueil commencent, rapidement ponctuées de fugues. Malgré tout le jeune rebelle rencontre F. Nietzsche
et se raccroche à son enseignement philosophique. Il le partage d'ailleurs à maintes reprises avecnous, pour y puiser ses leçons de vie.
L'errance parisienne succède aux institutions. Mais elle dure peu. Car Chri stophe prend conscience de son talent d'acteur. Il se spécialise alors dans le rôle de Don Juan, sur la grande scène de l'aristocratie parisienne, puis dans le strass des mégalopoles américaines. Rapidement, il gagne les hautes sphères et les millions de francs, jusqu'au jour du faux pas et de l'escroquerie de trop. La fosse d'orchestre se métamorphose alors en un décor peu fastueux, celui d'une cellule de prison sur la côte ouest du Canada.
Ce récit fut publié en 2002. Quel rôle Christophe tient-il aujourd'hui ? Sur quelle nouvelle scène du grand théâtre humain ? Mais finalement, ce « Moi » que nous venons de lire a-t-il jamais existé ?
N'avons-nous pas assisté à l'une des meilleures créations mystificatrices d'un Rocancourt factice ?



Florence VALET

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