mardi 27 septembre 2011

Moi, Claude de Robert Graves


Lorsque Claude vient au monde, Auguste règne sur Rome, secondé par Livie (grand-mère de Claude). Tous les héritiers putatifs d'Auguste sont morts dans des circonstances troubles. Bègue, boiteux et secoué de tics, Claude n'est pas considéré comme un successeur éventuel : on le prend pour un imbécile. Il comprend vite l'avantage qu'il peut en tirer, dans une famille où l'on meurt rarement dans son lit... Un à un, ceux qui faisaient obstacle à son oncle Tibère sont assassinés ou déportés, et ce dernier devient empereur à la mort d'Auguste. Claude traversera son règne, ainsi que celui tout aussi sanglant de son neveu, le psychopathe Caligula, échappant parfois de justesse aux complots et aux empoisonnements. Porté au pouvoir malgré lui en 41, il rédige son autobiographie et raconte les inavouables secrets des Julio-Claudiens, dont la dynastie sera marquée par le sang, la violence, les intrigues et la débauche.
Se présentant comme l'autobiographie romancée du quatrième empereur de Rome, ce livre, difficile à résumer, n'est pas facile d'accès : un texte dense bien que rédigé en Anglais moderne, une introduction malmenant la chronologie, une multitude de personnages (parmi lesquels Germanicus, Agrippine ou Séjan) aux noms parfois identiques, quelques longueurs... Ecrit principalement à la première personne, le roman retrace les règnes successifs d'Auguste, Tibère et Caligula, à travers le regard de Claude. Sexe, meurtres et trahisons sont le lot quotidien de cette famille, qui n'a rien à envier aux Atrides. Peu de dialogues ou d'introspection, mais un récit foisonnant d'anecdotes et où l'humour - cynique et acerbe - n'est pas absent, qui plonge le lecteur dans l'atmosphère étouffante de la cour des Césars.
Il m'a fallu du temps pour rentrer dans ce roman, exigeant car complexe et érudit. Je regrette le choix de l'auteur, qui a opté pour des sources notoirement hostiles à Tibère et Caligula, noircissant le trait jusqu'à la caricature. Mais j'ai préféré y voir un choix romanesque : l'histoire y gagne en tragique et en spectaculaire, offrant des épisodes époustouflants. Ainsi, le règne de Caligula : j'y ai ressenti la tension et la menace permanente qu'il y a à vivre sous la domination d'un fou dangereux ! Malgré quelques longueurs et une généalogie à vous donner la migraine, je considère ce roman comme un chef d'oeuvre. Entre Dallas et les Rois Maudits, voilà une fresque historique magistrale, à découvrir d'urgence.



Fanny LOMBARD

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