mercredi 4 juillet 2007

Le maître du jugement dernier de Leo Perutz

Russie, 1909. Quel peut bien être le point commun entre Eugène Bischoff, acteur de son état, un jeune peintre qui étudie dans une bibliothèque, Valdémar Solgrub, ingénieur (ancien officier de l'armée russe) et une pharmacienne ? En effet, tous sont sains d'esprit, sont en bonne santé, et pourtant ... ils se suicident !!! Encore plus étrange : tous se donnent la mort dans des lieux clos et donc sans aucun témoin. Telle est donc l'intrigue de ce roman. Roman particulier d'ailleurs, puisque celui-ci commence par la fin... sans pour autant nous donner la solution de l'énigme. L'histoire débute lorsque des musiciens se donnent rendez-vous pour jouer des morceaux de Brahms, Beethoven et Schubert. Le trio est composé du docteur Gorski, du baron von Yosch (le narrateur amoureux de Dina) et de Dina elle-même, pianiste et femme d'Eugène Bischoff. Son époux est d'ailleurs le premier de la série de suicides. Le hic, c'est que certaines personnes pensent que ce dernier ne s'est pas suicidé mais qu'il a été assassiné... par le baron von Yosh ! Celui-ci va donc mener sa propre enquête afin de prouver son innocence. Rapidement mis hors de cause, il va être confronté, ainsi que ses amis, à un enchaînement de suicides inexpliqués... jusqu'au dernier qui nous livrera la clé du mystère : qu'est-ce qui peut bien pousser autant de personnages à se suicider ? Et si la solution ne se trouvait pas là où on l'attend ? Quelle est donc cette lueur rouge "stridente comme l'éclat d'une trompette" ? Léo Pérutz, écrivain autrichien, nous offre un roman palpitant où le suspense est omniprésent. Le style est très agréable, bien qu'un peu déroutant au départ, car l'auteur passe d'un personnage à l'autre très rapidement pour mieux faire vivre son oeuvre, et le vocabulaire est riche. Les analyses psychologiques, en particulier celles des phénomènes mentaux que subit le protagoniste sont fascinantes et on a vraiment l'impression de faire partie de l'histoire. Le dénouement est inattendu et très subtil, avec une pointe de philosophie très juste et savamment glissée dans le récit. Un bon roman fantastique, inventif et original, du premier quart du XXe siècle. Laurent ENGLE

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