vendredi 13 juillet 2007

Mémoires sauvés du vent de Richard Brautigan

« Mémoires sauvés du vent » raconte les souvenirs d’un enfant qui a 13 ans en 1948. Le narrateur, aujourd’hui adulte, nous évoque ses moments passés au bord de l’étang à taquiner les poissons, sa rencontre avec le veilleur de nuit de la scierie d’à côté auprès duquel il récupère des bouteilles de bière pour se faire un peu d’argent. Il nous parle aussi de ces gens étranges qui déballent leurs meubles chaque fois qu’ils viennent pêcher, de sa fascination morbide pour les enterrements (sa mère et lui ont habité dans l’annexe d’une maison de pompes funèbres transformée en appartement) et de la disparition de son ami David tué malencontreusement par une balle lors d’une partie de tir à la carabine sur des pommes. Ah ! Si seulement il avait préféré ce jour-là s’acheter un hamburger plutôt qu’une boîte de cartouches. Cet évènement l’a à ce point traumatisé qu’il devient véritablement obsédé par tout ce qui touche aux hamburgers et qu’il va alors se mettre dans la tête l’idée d’aller interviewer des bouchers, des cuisiniers et de lire de nombreux ouvrages sur le sujet pour récolter le plus d’informations possibles.
Ce que j’ai aimé dans ce court récit, c’est l’écriture très fluide et d’une simplicité enfantine. Je me suis demandée d’ailleurs pendant longtemps si c’était un enfant qui s’exprimait ou un adulte. Je me suis également demandée si cette histoire n’était pas celle de Richard Brautigan car lui aussi est né en 1935 et a eu semble-t-il une enfance assez troublée dont on ne sait finalement presque rien. A la fois sensible, poétique, ce texte ne peut donc que toucher. Ce côté minimaliste, cette façon de raconter les choses innocemment, « l’air de rien » voire presque avec insouciance cachent en effet des souvenirs au goût plutôt tragique et amer. Le héros de l’histoire est très tôt confronté à la mort et notamment celle d’enfants sans compter cette existence de pauvres que sa mère et lui doivent mener. Mais heureusement qu’il y a aussi des passages moins tristes, moins douloureux comme cette quête effrénée sur le hamburger ou ce couple bizarre où là, on est vraiment obligé de sourire tellement on frôle le surréalisme et l’absurde. Marlène EVEN

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