lundi 9 juillet 2007

Suzanne de Denis Belloc

Au fil d’un album photo que l’on feuillette en même temps qu’elle, Suzanne revoit défiler sa vie de misère dans une banlieue ouvrière de La Rochelle. D’abord son enfance en temps de guerre entre un père souvent absent et une mère aimant trop les bals et les hommes. Ensuite sa vie de jeune femme avec son Lulu qui l’aime et qu’elle aime malgré la pauvreté, l’alcool, la violence … Cette histoire est un bel hommage à une femme qui a su faire preuve d’un grand courage dans sa vie pour supporter les épreuves qu’elle a subies. Dès son plus jeune âge confrontée à la maladie, à la pauvreté, à la méchanceté des autres devant les différences qu’elles soient sociales ou physiques, puis aux difficultés des temps de guerre, la petite Suzanne ne prend pas un bon départ dans la vie. Mais malgré les circonstances, elle garde néanmoins assez de naïveté pour croire que l’amour peut tout arranger même l’alcoolisme invétéré et tous ses débordements : violence, dégradation physique, souillure, chômage, misère…Parce qu’il faut préciser que quand elle épouse Lulu, c’est en toute connaissance de cause : elle sait qu’il boit , ses parents près desquels ils vont vivre aussi …la question du rôle primordial que joue la famille dans l’engrenage de l’alcoolisme est ainsi soulevée, de même que les conditions de vie de ces ouvriers ou pêcheurs pour qui l’alcool était la seule façon d’oublier et de supporter les conditions de travail, de logement et de vie tout simplement...En toile de fond nous avons le rêve de Lulu d’être un grand boxeur mais qui sera brisé dans sa vingt cinquième année…Et le plus terrible, cette indifférence de la part des voisins, des parents, Suzanne devant tout assumer seule… Miroir d’une société d’après guerre et de ses difficultés, c’est un tableau bien noir qui nous est dressé. Avec des phrases courtes, percutantes, des mots simples l’auteur a su créer une composition originale de par sa construction. Quelques photos jaunies sont décrites, puis l’histoire de Suzanne et parfois en italique c’est la voix de Suzanne elle-même, avec son parlé populaire, qui éclaire un détail ou un sentiment. Au début j’avoue que j’ai eu un peu de mal à me faire à ce système, mais finalement je dois reconnaître que cela donne un accent de vérité et même de confession à ce récit. Mais mieux vaut avoir un bon moral avant d’entamer la lecture de ce livre, parce que les faits nous sont assénés bruts, sans embellissements et surtout nous laissent un sentiment de tristesse terrible … Nicole VOUGNY

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