mardi 16 octobre 2007

Confessions d'un barjo de Philip K. Dick

Jack est un simple d'esprit, qui collectionne des objets improbables et passe son temps à remplir compulsivement des carnets dans lesquels il note tout et n'importe quoi. Pour lui, ses théories fumeuses sont une approche scientifique des évènements, mais pour son entourage, il est simplement "barjo" et inadapté socialement. Il est pris en charge par sa soeur Fay, manipulatrice sournoise et égoïste sous des dehors séduisants, et son beau-frère Charley, nouveau riche mal dégrossi. Fay s'entiche de Nat et Gwen, un gentil couple nouvellement installé dans la région. Nat, jeune homme cultivé et intelligent, perce immédiatement Fay à jour. Mais contre toute attente, cela ne l'empêche pas de se sentir attiré par la jeune femme... Sous le regard sans complaisance de Jack, tout ce petit monde, en apparence équilibré, va voler en éclats en révélant son vrai visage.
Ce roman, que Philippe K. Dick a eu du mal à placer auprès des éditeurs car il est surtout connu pour ses oeuvres de science-fiction, déconcerte de prime abord par sa structure peu conventionnelle. En effet, l'auteur passe au gré des chapitres d'une voix narrative à l'autre, adoptant celle de Jack, Nat, Charley, etc., voire un regard extérieur. Mais la lecture n'en est pas rendue difficile pour autant, et cette construction atypique offre au contraire une diversité de perspectives qui enrichissent beaucoup le récit, rédigé dans un style coulant, très agréable. J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai lu d'une traite. J'ai trouvé que c'était un récit assez dérangeant. A priori, un doux dingue débarque dans la vie d'un couple ordinaire. Mais la distance et le détachement de Jack lui permettent de porter sur Fay, Charley et Nat un regard purement analytique, et par son intermédiaire, nous découvrons le vrai visage des personnages, leurs névroses, et le vernis craque. Le monde dans lequel ils évoluent est un univers tout simplement dément, et pourtant atrocement réaliste : les humains se torturent les uns les autres et se piègent eux-mêmes au gré des interférences de leurs existences. Pourtant, c'est un livre drôle, mais sans cynisme : les personnages eux-mêmes sont capables de percevoir leur situation avec une distance et un certain humour, et au final, Philippe K. Dick parvient toujours à insuffler une petite note d'optimisme qui nous permet d'espérer qu'il est possible, après tout, de s'en sortir, dans ce monde où les plus barjos ne sont pas forcément ceux que l'on croit...
Fanny LOMBARD

Aucun commentaire:

Publicité