mercredi 3 octobre 2007

La cinquième femme de Henning Mankell

Algérie, 1993. Des intégristes musulmans pénètrent en pleine nuit dans une maison occupée par des religieuses françaises, et les égorgent. Découvrant une cinquième femme, ils la tuent également. Quelques mois après, une Suédoise reçoit une lettre l'informant du sort de cette cinquième victime, sa mère... Un an plus tard, en Suède, un octogénaire, ornithologue et poète amateur, est retrouvé empalé dans un fossé sur des pieux acérés. Le commissaire Wallander est chargé de l'enquête. Mais il n'est pas au bout de ses peines : alors qu'il est déjà difficile de cerner la personnalité de la première victime, un homme est retrouvé étranglé, ligoté à un arbre après avoir été affamé... Pour le commissaire Wallander, aucun doute : la cruauté sadique et la perversité de ces deux meurtres indiquent qu'il s'agit d'un seul et même tueur. Mais pourquoi une telle violence ? Quel est le mobile ? Et surtout, comment l'arrêter ? Ce roman policier est remarquable, et il n'y a aucun temps mort au fil des 600 pages. Dans un style clair et direct, l'auteur nous conduit à travers l'enquête aux côtés du commissaire Wallander. Il y a peu de place pour la vie privée du héros, reléguée au second plan face à l'urgence de l'investigation. On est pris par le récit, et on ressent l'ambiance d'une enquête de police vue de l'intérieur. Le prologue du roman et quelques intermèdes nous donnent des indications sur la personnalité du meurtrier sans que tout ne soit révélé, et ce roman s'apparente un peu à un puzzle : Henning Mankell nous en livre petit à petit les pièces, mais jusqu'au dernier moment, il est difficile de les emboîter les unes dans les autres et d'avoir une vue d'ensemble. Pas une ligne de trop dans ce roman, le dernier chapitre levant le voile sur les motivations d'un assassin particulièrement cruel. En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce livre pour la narration elle-même, mais surtout pour l'ambiance que l'auteur installe en ancrant son récit géographiquement, historiquement et socialement, sans pour autant accumuler les clichés. Les couleurs sont ternes, il fait froid, l'ambiance est plombée, et le cadre est d'autant plus déprimant que la société suédoise part à vau-l'eau, loin du fameux "modèle" cité en exemple... Si cette critique reflète le point de vue de l'auteur, elle m'a néanmoins permis d'entrevoir une réalité suédoise bien éloignée des stéréotypes. Tout cela fait d'un roman policier déjà excellent un récit aux accents inédits, intéressant à bien des niveaux.
Fanny LOMBARD

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