D’une expérience personnelle précoce avec la pension et son univers de règles trop strictes pour un enfant puis l’enfer de l’usine où les corps et les esprits sont broyés, Michel Onfray nous livre sa philosophie de vie hédoniste qu’il veut pour le monde et ses hommes. Antigone, l’athéisme (ni Dieu ni maître, c’est évident), mai 68, Epicure, le véritable esprit de Sorel… telles sont des pistes politiques, mais aussi économistes, artistiques dans lesquelles Onfray veut trouver cette «mystique » de gauche dont la société a besoin pour contrer entre autres sa surconsommation, son matérialisme, son parisianisme et sa commisération inefficace envers tous les miséreux du corps social (« damnés, réprouvés et exploités » selon les trois cercles que nous décrits Onfray du SDF aux enfants scolarisés)…
Dans cet essai qui se veut un traité philosophique « de résistance et d’insoumission », Michel Onfray nous dévoile son envie humaniste de faire bouger les choses en continuant le courant 68 et le débat d’idées. En ne s’arrêtant pas comme beaucoup de ses confrères dans le pessimisme et le défaitisme humain post-concentrationnaire. Refuser toute forme d’autorité et laisser le corps libre et sans entraves. Jouir de la vie et ce au présent. La vision hédoniste de Michel Onfray livre ici une réponse très claire, en prenant exemple en conclusion sur Blanqui figure emblématique de l’insoumission et de la révolte (qui resta 47 ans de sa vie en prison pour avoir dit plusieurs fois non).
Ce livre ne se prête pas à tous les lecteurs : il faut passer par-dessus le jargon philosophique et la non-connaissance des divers courants et théories de tel ou tel sociologue contemporain ou non (les cours de philo du lycée ne sont pas d’une grande aide si l’on n’a pas persévéré dans cette voie de lecture) et le style accumulatif de l’auteur. Le vocabulaire est plus que riche pour essayer de nous convaincre par tous les exemples et malgré cette logorrhée intellectuelle, l’accès aux idées d’Onfray reste très limpide et accessible à tous.
Suivre Nietzsche qui disait : « Il m’est odieux de suivre autant que de guider » c’est dans ce chemin que nous emmène les pages de Michel Onfray avec beaucoup de conviction. Il est certain que ce postulat établi, même le meilleur outil de lecture et de vulgarisation d’une « politique » nouvelle n’est qu’une goutte d’eau dans le monde politique universel d’aujourd’hui. Faire partie du camp des rebelles c’est surtout refuser de se laisser faire en ayant la plus grande envie de généralisation autour de nous…Lire le Canard et Zarathoustra peut aider.
Fanny JOLIVET
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire