jeudi 22 avril 2010

Au fil du rasoir de Karin Slaughter

Grant County un samedi soir sur le parking de la patinoire. Parmi les jeunes sur place, une jeune fille d’environ 13 ans menace d’un revolver un jeune homme à peine plus âgé qu’elle.
Le chef de la police, Jeffrey Tolliver qui a rendez vous avec son ex femme la pédiatre Sara Linton, se retrouve par hasard sur les lieux. La jeune fille lui lance alors un ultimatum qui lui pose un sérieux problème : soit il la tue, soit elle tuera le jeune homme…Malgré ses tentatives pour la raisonner, il ne peut faire autrement que de tirer sur elle. Déjà traumatisante, la situation empire encore avec la découverte dans les toilettes d’un cadavre de nouveau-né horriblement mutilé.
Je suis d’accord, vu comme ça, c’est plutôt glauque comme ambiance… Le pire c’est que cette entrée en matière n’est qu’un petit aperçu de l’horreur qui nous est proposée dans cette histoire. En effet les thèmes abordés sont particulièrement sombres parce que sensibles, voire choquants : maltraitance des enfants, inceste, pédophilie, viol…Cependant l’écriture est assez « retenue », le suspens assez prenant pour que ce livre soit quand même supportable malgré les horreurs auxquelles on est soumis et dont on espère qu’elles ne sont qu’inventions…Je trouve même l’ensemble assez réussi par son originalité, notamment au niveau du point de départ du roman : le cas de conscience posé au policier. Dans de telles circonstances, a–t-on vraiment le choix ? Il est évident que quelque soit la décision prise, il y aura toujours un doute sur le bien fondé de ce que l’on a fait. Et c’est bien ce qui arrive au chef de la police, qui est en proie au remord et à la culpabilité (un comble pour un policier d’être coupable d’un crime). L’auteur a très bien su laisser planer ce sentiment tout au long du livre sans pour autant en abuser, ce qui donne un côté réaliste et humain au roman qui rattrape le côté très noir des choses. La culpabilité, c’est aussi ce qu’éprouve la pédiatre en se rendant compte que la victime était une de ses patientes et qu’elle n’a pas su percevoir qu’elle avait un sérieux problème…Tout cela fait réfléchir sur les relations humaines et on en ressort pas tout à fait indemne, ce qui prouve le talent de l’auteur. Je déconseillerais toutefois cette lecture aux âmes sensibles.

Nicole VOUGNY

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