mercredi 28 avril 2010

L'astragale de Albertine Sarrazin

L'astragale : c'est le nom du petit os de la cheville qui, brisé net, arrête la jeune Anne dans sa fugue. Anne n'a pas vingt ans ; elle a sauté d'un mur pour s'évader de la prison-école où l'ont portée ses frasques, mais elle ne peut aller plus loin. Un routier s'arrête et n'ose pas l'emmener, mais grâce à son aide, elle est recueillie par un jeune homme, Julien, lui aussi délinquant, lui aussi toujours en cavale. Julien prend Anne sous sa protection, lui trouve des planques, la fait soigner. Mais il est souvent absent, et Anne, éprise de liberté, souffre de son handicap physique qui la rend dépendante, de la prudence dont elle doit faire preuve pour ne pas se faire reprendre, des longs moments d'attente qui séparent les visites de Julien, des départs de ce dernier pour des aventures auxquelles elle ne peut prendre part.
De refuge en refuge, L'astragale est un texte intense, un morceau d'autobiographie d'une jeune fille passionnée. De la douleur au réconfort, de l'espoir au découragement, de la résignation à la colère, de l'attente à la joie des retrouvailles, de la désillusion à l'amour, le roman nous montre comment la jeune Anne tente de satisfaire son ardente envie de vivre. Dès les premières pages, le lecteur est pris par l'histoire, conquis par le personnage attachant d'Anne. Le style est très agréable à lire, empli d'un argot désuet , vivant ; il rend parfaitement les émotions et les pensées d'Anne, que l'on suit dans son périple. On découvre son passé, ses craintes et ses rêves, par bribes, avec toujours un voile de mystère que l'on ne peut lever et qui fait une partie du charme du roman. En même temps, au fil du texte, on ressent parfois un certain agacement, comme une envie de crier des conseils à la jeune fille qui nous parle à travers les années. De bout en bout, L'astragale est donc un roman captivant, une tranche de vie qui laisse au lecteur une forte impression en peu de pages.

Jessica ANDREANI

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