mercredi 16 juin 2010

Lève-toi et marche de Hervé Bazin

Constance Orglaise, vingt ans, a perdu l'usage de ses jambes et la plupart de sa famille dans un bombardement en 1944. Elle vit à présent avec sa tante dans une mansarde ; toutes deux exécutent de menus travaux pour subvenir aux dépenses de la maison. Constance est brusque et explosive, d'une fierté confinant à l'entêtement, et par-dessus tout, elle tente de poursuivre sa vie de la façon la plus complète possible, ne rechignant pas à l'ouvrage et saisissant toutes les occasions pour tenter de rassembler autour d'elle d'autres personnes. C'est ainsi qu'elle accepte de s'occuper d'un enfant, infirme comme elle, et qu'elle lutte contre sa maladie pour maintenir des contacts avec de vieilles connaissances. Manipulatrice en herbe, elle réfléchit, planifie, intrigue pour influer sur la vie de ceux qui l'entourent. Un peu naïve, cédant parfois à de brefs moments de méchanceté, elle pique au vif plusieurs de ceux qui deviennent ainsi ses amis, mais ne maîtrise pas toujours les conséquences de ses manœuvres.

Tendre sous des dehors un peu rugueux, se réfugiant dans les vieux refrains, l'argot et les mots d'esprit, Constance va cependant voir le mal qui la tient s'aggraver. Peu à peu, son état empire, et elle finit par être condamnée à ce qu'elle abhorre le plus : l'inaction et l'inutilité.
Ce roman d'Hervé Bazin, d'abord touchant, puis poignant lorsque le mal de Constance devient bien plus grave que la paralysie des jambes dont elle faisait fi avec bonne humeur, est un très beau portrait, tout en finesse. L'histoire est profonde et bouleversante : racontée pour la plus grande part à la première personne, elle dévoile cependant bien plus sur Constance que ce qu'elle-même accepte de s'avouer. Le récit est vivant, ponctué de vifs échanges entre les personnages, rythmé par la pensée rapide de Constance : Hervé Bazin nous livre les réflexions de cette dernière sur un mode d'écriture très libre, aux phrases souvent courtes et nominales, souvent exclamatives.
De la première à la dernière page, ce livre est un moment d'émotion intense et véritable.
 


Jessica ANDREANI 

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