samedi 11 décembre 2010

Les vivants et les morts de Gérard Mordillat

A Raussel, petite ville de l’est de la France, « la Kob », une usine de fibre plastique, fait vivre toute la population. Aussi le jour où l’on annonce un plan social avec une centaine de licenciements à la clef, c’est la consternation et l’inquiétude…Dallas fait partie des licenciés, son mari Rudi reste. Cependant pour ce jeune couple et nombre de leurs collègues, la situation est tendue mais on se serre les coudes pour éviter la fermeture. Malheureusement, ils ne sont pas maîtres du jeu et il semble bien que les choses soient décidées depuis longtemps, au nom de l’implacable réalité des chiffres …
Il n’est pas courant de nos jours d’avoir l’occasion de lire un roman sur le monde ouvrier. Même si le thème et la façon de voir les choses nous font beaucoup penser à Zola, nous sommes bien dans un roman contemporain, écrit de façon moderne avec un rythme de narration soutenu, des chapitres courts, de nombreux dialogues. Et le résultat est superbe ! Quel souffle, quelle justesse dans le ton ! A travers le quotidien de nombreux personnages, qu’ils soient du monde ouvriers, des patrons, des syndicats, des élus locaux ou représentants du gouvernement, nous sommes confrontés à un drame au combien d’actualité : la fermeture d’une entreprise qui fait vivre toute une région, avec tout ce qui va avec : mobilisations, pétitions, négociations, manifestations mais aussi les conséquences sur les vies privées de ces hommes et ces femmes. L’auteur arrive à nous faire ressentir d’une façon très intense les sentiments de tous : l’espoir, la tendresse, la haine, le désarroi, le refus de voir les choses en face, la colère. La manière dont est mené le récit avec la montée en puissance de la peur, du désespoir et de la violence nous amène à une chute que l’on sent inévitable.  « Les vivants et les morts » n’est pas seulement une chronique sociale et une fresque populaire. C’est aussi des histoires d’amour, des secrets, des aventures humaines admirablement bien racontées. Grâce à une écriture facile à lire mais loin d’être simpliste, nous avons donc un magnifique ouvrage plein d’émotion que l’on a du mal à lâcher et que l’on devrait tous lire un jour ou l’autre…


Nicole VOUGNY

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