lundi 13 décembre 2010

Les fileurs d'ange de John M. Ford

La Toile, un réseau gigantesque, est au centre de notre future société galactique. Au point que les hommes sont répartis suivant l'utilisation qu'ils sont capables d'en faire : les illettrés n'ont pas le droit de voyager dans l'Espace ; les "Premier Degré" utilisent la Toile pour communiquer de manière instantanée ; les "Deuxième Degré" sont capables d'accéder aux données stockées et d'utiliser les programmes existants ; les "Troisième Degré" peuvent écrire des programmes. Il existe cependant une dernière catégorie, qui n'a aucune existence officielle : Les "Quatrième Degré" Filent la Toile selon des techniques subversives que seuls les initiés savent possibles, au mépris des règles. Au mépris également des risques, car ils sont implacablement traqués - et exécutés - par les chevaliers noirs et les Chiens Fantômes qui gardent la Toile.

Nous suivons dans ce roman l'apprentissage d'un jeune Fileur de génie, Grailer Diomède. Premiers piratages balbutiants, prise en main par le maître Fileur Aristide, peine inconsolable à la mort de son aimée détruite par la Meute de Chiens Fantômes virtuels qui hantent la Toile. Et toujours, la recherche du Graal : la maîtrise parfaite de l'information et donc le pouvoir. Cette quête du Graal est d'ailleurs mise en évidence par les différentes identités d'emprunt du héros : Grailer ("Grail" signifie "Graal" en anglais), Galahad, Knight ("chevalier"), Perceval...

Bien avant l'Internet tel qu'on le connaît aujourd'hui, John Milo Ford avait déjà imaginé un réseau connectant de manière instantanée l'ensemble de l'univers connu, avec ses utilisateurs : simples chatteurs, surfeurs, codeurs et enfin hackers ! Sans compter le cyberspace dans lequel s'immerge les Fileurs, s'apparentant pour eux à une drogue... On a parfois du mal à s'y retrouver et à appréhender certains concepts qui ont mal vieilli, mais dans l'ensemble c'est plutôt bien pensé.
Le style est assez simple, mais efficace. Les phrases sont courtes, essentiellement descriptives, avec beaucoup de dialogues pour aérer le texte. Il y a également beaucoup d'ellipses, charge au lecteur de recoller les morceaux en imaginant les épisodes ou réflexions qui ne sont pas explicitement décrits (pas toujours évident, on a parfois envie de relire un passage lu précédemment pour mieux le saisir). L'auteur nous fait profiter de sa culture étendue, introduisant au passage de nombreuses références théâtrales, poétiques, musicales, cinématographiques et bien évidemment littéraires ; si le lecteur averti appréciera ces clins d'oeil, le lecteur qui l'est moins n'y verra cependant aucun frein à sa lecture.
Au final, nous avons un roman plus complexe qu'il n'y parait, qui mêle action et réflexion en suivant les aventures d'un héros attachant entouré de personnages secondaires également intéressants : A découvrir !

Marie-Soleil WIENIN

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