lundi 8 août 2011

Qu'elle était verte ma vallée de Richard Llewellyn


La famille Morgan vit depuis toujours dans les montagnes du Pays de Galles et elle a la houille dans le sang. Gwilym, Beth Morgan et leurs enfants sont soudés par l'amour et la foi. Les mines donnent en abondance et le pain ne manque jamais. Mais survient un jour où le charbon se vend moins bien, où les salaires baissent et où l'immobile tranquillité de la vie vole en éclats. La Vallée noircit et le monceau de déblais n'en finit pas de s'étendre. Les grèves se succèdent, pendant des mois. Alors que la famine ravage la vallée, le père Morgan s'oppose à ses fils qui croient en l'Union et au communisme. Le merveilleux équilibre n'est plus. Les idéaux sont puissants et les révoltes sont légitimes, mais le feu de la contestation prend difficilement devant la faim qui creuse le ventre et qui fauche les enfants.
Huw Morgan, à la veille de quitter sa maison, se lance dans un récit mélancolique. Il a la nostalgie d'un passé prodigue où régnait le bonheur de l'abondance. Les années ont passé et la source a tari. Le récit de Huw est désabusé. La résignation est douloureuse, sans sérénité. La fatalité pèse désormais plus lourd qu'avant : l'heure n'est plus au bonheur. Ce que décrit Huw, c'est un Paradis perdu, un âge d'or révolu.
La communauté de la Vallée est profondément pieuse. Le protestantisme y est pur, voire originel, sous l'égide du bon Mr Gruffyd. La Vallée résonne souvent des cantiques que les hommes entonnent à toute occasion. La Vallée a une voix puissante. Les aléas ne la font pas taire : le chant de la terre galloise résonne pour longtemps entre les montagnes et envoie à l'Angleterre un éternel message d'insoumission.
Le roman tient le lecteur en haleine sans discontinuer. Le récit mêle les grandes affaires des travailleurs et les affaires privées de la famille. Qu'elle était verte ma vallée n'est pas un Germinal gallois. Richard Llewellyn met à l'honneur les sentiments, son texte n'est pas une étude sociale de la grève chez les mineurs. Les mines galloises sont cruelles et exigeantes, mais pas comme le Voreux de Zola. Richard Llewellyn offre une œuvre qui flirte avec la poésie : c'est une longue élégie, le chant du cygne d'une époque qui s'éteint.


Magali CONEJERO

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