lundi 4 juin 2007

Le faucon afghan d'Olivier Weber

Olivier Weber, grand reporter et écrivain voyageur, nous livre ici le récit d'une traversée de l'Afghanistan qu'il a effectuée à la fin des années 1990. On parcourt avec lui les chemins de ce pays. Chemins de terre et chemins d'histoire. Des histoires d'hommes qui s'entretuent. Pour avoir le dernier mot. Pour avoir l'empire sur ces chemins. Ou plutôt l'empire sur les Hommes et leurs âmes. Mais on y croise aussi d'autres histoires qui permettent d'entrevoir les multiples facettes de ces hommes qui peuplent l'Afghanistan. Leur ingéniosité par exemple. Qui permet de voir les matches de la coupe du monde dans un pays où tout est interdit. Ou encore leur façon de « retourner leur veste » dès que le vent tourne, pour avoir toujours les faveurs du chef local. Dès le début de la lecture, on oublie l'objet même du livre, qui est la recherche des derniers faucons afghans. D'ailleurs cette recherche n'est qu'un prétexte utilisé par le reporter pour se voir ouvrir les portes de ce pays. Ce qui s'avère souvent difficile dans un pays où la loi (disons plutôt les multiples lois et interdits) des talibans domine. Pourtant on se rend aussi compte à travers les réactions du jeune guide taliban qui accompagne l'auteur, de la force des potentats locaux de toutes les ethnies afghanes croisées. La question du pouvoir n'est pas chose simple en Afghanistan, et les talibans ne sont pas encore bien vus partout. Ce qu'ils apportent d'interdits surtout. Ce que j'ai le plus apprécié dans ce livre, c'est surtout cette façon qu'a l'auteur de nous entraîner de-ci de-là dans des récits d'anecdotes historiques allant de l'époque de Genghis Khan à aujourd'hui. C'est ici l'histoire d'un colonel anglais qui ne parviendra pas à mater une rebellion locale qui se terminera dans le sang, ou encore de cet autre prince qui a voulu défier Genghis Khan et qui sera poursuivi toute sa vie. Je crois que si on peut mieux saisir tous ces enchevêtrements du récit en ayant une petite connaissance de l'Histoire du pays, ce n'est pourtant pas nécessaire pour apprécier ce que l'auteur parvient à nous faire sentir. Au fond, tous ces récits nous ramènent toujours au coeur de batailles plus sanglantes les unes que les autres qui ont pour point commun d'avoir eu lieu en Afghanistan. On nage en plein cauchemar dans un pays de rêve. Et peut être est-ce pour cela que sont partis les faucons ? Alice JOLIVET

1 commentaire:

Paul Lapouge a dit…

Excellent récit de voyage. Le Faucon afghan a un côté mythique: le voyage mystérieux, au pays des talibans, le prétexte de la recherche du faucon pour mieux côtoyer les fondamentalistes, le point de vue sur l'image, les femmes encagées, la destruction de l'amour... Le grand reporter Olivier Weber, qui nous a déjà offert des reportages de guerre, devient dans ces pages un grand écrivain.
A lire pour comprendre l'islam.
Bernard Le Fol

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