lundi 26 mai 2008

Elémentaire ma chère Sarah de Jô Soares

En mai 1886 la célèbre actrice Sarah Bernard se trouve en tournée théâtrale à Rio de Janeiro sur invitation de l’empereur Pedro II. Celui-ci lui confie le désespoir d’une de ses très bonnes amies qui s’est fait volé le magnifique violon Stradivarius qu’il lui avait offert. Aussitôt l’actrice pense à son ami londonien Sherlock Holmes, pour enquêter en toute discrétion sur ce vol. Mais bien vite, la discrétion n’est plus à l’ordre du jour d’autant plus que d’abominables meurtres sont commis sur des femmes dans les rues, la nuit. Il semblerait bien d’ailleurs que les deux affaires soient liées…
Comment parler de ce livre sans en évoquer la fin ? C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit une fois terminée la lecture de ce roman…Parce qu’il faut bien que je l’avoue, jusqu’aux dernières pages, j’avais trouvé ce roman bien écrit, facile à lire, agréable, avec ce qu’il faut d’humour, de dérision, de suspens, mais bon, pas de quoi s’extasier. Et puis le dénouement final m’a transporté d’admiration pour l’auteur, d’avoir pu imaginer une telle chute à cette histoire originale et de donner ainsi une toute autre dimension au livre!
Il fallait en effet y penser, à la rencontre de ces deux stars, Sherlock Holmes et Sarah Bernard au Brésil! Mais ce n’est pas tout à fait le Sherlock Homes que nous connaissons à travers Conan Doyle, peut-être parce que ses histoires n’ont pas encore été racontée par ce cher Watson … Dans ce roman que l’on peut considérer comme une parodie, nous avons des personnages à la limite de la caricature : Les grands de Rio sont regroupés dans « la confrérie des fainéants » (tout un programme !), Sarah Bernard parle quasiment toujours en alexandrins, Watson se retrouve souvent dans des situations impossibles et complètement loufoques et Sherlock Holmes nous est présenté comme un personnage vaniteux, imbu de sa personne, qui traite son Watson en valet, voire en demeuré…Ses célèbres déductions sont toutes plus erronées les unes que les autres. Est-ce la faute à la chaleur, à la nourriture épicée, à l’émoi amoureux qu’il éprouve envers une jeune et belle métisse ou encore à la consommation importante de cannabis ? Toujours est-il que le brouillard dans lequel il se trouve ne l’aide pas beaucoup à résoudre cette énigme. Pourtant le coupable prend un malin plaisir à distiller des indices après ses crimes absolument atroces…Il est d’ailleurs à noter que les passages relatifs aux meurtres sont particulièrement épouvantables et lourds de menaces pour l’avenir tandis que tout ce qui se réfère à la résolution de l’enquête est léger et plein de dérision. Ce contraste est saisissant mais logique, voire évident une fois que l’on sait la fin. Tout ceci fait donc de roman un livre très plaisant à lire. Nicole VOUGNY

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