Lors d’une projection à Cracovie de la « liste de Schindler », Roma Ligocka se rend compte qu’elle a été filmée petite : La petite fille au manteau rouge qui traverse la rue, c’est elle. C’est un cataclysme pour elle, ou plutôt l’occasion de se pencher sur son passé, sur son enfance.
Née en 1941, elle a connu l’occupation. Dans ce livre, Roma raconte la fuite du ghetto, la peur des Allemands, la survivance, les cachettes et les ruses pour ne pas se faire prendre. Toute sa vie sera marquée par les souvenirs de la guerre. Même adulte, Roma a peur : peur par exemple de ce médecin, ancien soldat allemand. Pourtant, Roma aura une force de vivre tout au long de son existence. Mariée à Wieslaw (issu d’une vieille famille de noblesse) elle le quittera pour ne plus le voir ivre. Gravement malade, elle s’en sortira. Elle choisit pour son avenir le beau monde c’est-à-dire le monde de l’art. Roma trouvera enfin le bonheur en la personne de Jan, un metteur en scène de pièces de théâtre. La vie certes, est difficile en raison du manque d’argent et de cette interminable peur du passé. Devenue décoratrice de théâtre et peintre, Roma restera toujours obnubilée par ses souvenirs de guerre et ne pourra jamais pleinement profiter de la vie.
Ce roman est écrit avec des mots simples : on sent très bien cette peur et cette quête incessante de fuir l’ennemi. Au fil des pages, nous ressentons de plus en plus les sentiments de l’enfant et cette ambiguïté : le désir de se cacher et celui de vivre au-dehors, de voir ce « jardin secret ». Roma adore écouter sa mère qui raconte sa vie d’antan. Voilà un roman qui se lit aisément, un roman nécessaire pour graver la Mémoire de la guerre. C’est le récit d’une guerre vécue par une enfant, un être qui n’a pas encore les facultés de discernement. Roma décrit cette guerre mondiale, mais aussi les conséquences sur le mental, sur l’avenir. Les mots justes sont employés pour faire revivre une vie handicapée par les souvenirs de ce grand conflit.
Christine BELLOT
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