vendredi 16 avril 2010

Le chien de minuit de Serge Brussolo

Ce livre de Serge Brussolo, « Le chien de minuit », est basé sur une histoire simple, originale et efficace. L’intrigue nous conduit dans le monde des sans domiciles fixes qui  squattent les toits des buildings de Los Angeles. Immédiatement, ces marginaux font penser aux Yamakasi de Luc Besson (film réalisé par Ariel Zeitoun en 2001) qui se déplacent, comme eux, en sautant d’un toit à un autre en utilisant une « canalisation, une poutre jetée tel un pont au-dessus d’une ruelle, un câble électrique tendu d’un immeuble à un autre. […] Seules les grandes artères freinaient leur progression, les boulevards marquaient la fin de leur territoire » (p. 95).
Au fil des pages, comme toujours, l’auteur excelle dans l’illustration de nos angoisses les plus profondes. Ici, les thèmes du vertige, de la fuite, du désœuvrement rejoignent la peur de l’insécurité sociale.
Dans son roman, les clochards de la rue sont vus comme de la vermine alors que les gangs qui hantent les toits des immeubles bénéficient de la reconnaissance des autres tribus qui se sont affranchies du monde d’en bas.
C’est pour fuir ce « rez-de-chaussée » (p.52), pour échapper au vacarme « des bruits de la nuit, des éructions, des injures, des cris d’agonie des épaves nocturnes » (p.20), que les deux principaux héros du livre, David et Ziggy, partent à l’assaut « des plaines où les rues creusent des canyons [et] où les immeubles plus élevés dessinent des montagnes bizarrement carrées » (p.52).
Parmi eux, le luxueux immeuble de quarante étages du 1224 Horton Street est le plus convoité. Mais c’est sans compter le gardien Dogstone, surnommé le Chien de minuit qui n’hésite pas à balancer les intrus qui osent escalader l’édifice et s’aventurer sur le toit de son gratte-ciel.
Tout le livre tourne autour de David, un ancien professeur de lettres qui s’est lui aussi retrouvé sur ces toits et qui va devoir affronter de multiples épreuves pour mériter son retour à la vie sociale et sortir d’une situation qu’il se contente de subir.
Malgré un démarrage un peu lent, Le chien de minuit est un excellent livre de Serge Brussolo, qui mérite largement le Prix du roman d’aventures reçu en 1994.

Pierre SECOLIER

1 commentaire:

Unknown a dit…

Un très bon roman, même si je pense qu'il aurait pu être encore plus réussi. Les passages qui se déroulent sur les toits auraient pu être davantage développés, mais cela reste tout de même une très bonne lecture. Quelle originalité, ce Brussolo.

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