vendredi 4 février 2011

La douce empoisonneuse de Arto Paasilinna

La colonelle Linnea Ravaska vit dans une maisonnette rouge « dans un paisible décor champêtre ». Mais la quiétude de cette « avenante petite vieille » n’est qu’apparente. C’est ainsi que chaque mois, lorsqu’elle perçoit sa pension, son jeune neveu flanqué de deux complices turbulents la détroussent sans vergogne et sèment désordre et confusion dans sa paisible existence. Une idée se fait jour progressivement chez la colonelle : et si le poison était le remède à ses tracas ? L’idée fait son chemin…
 J’avais découvert la plume burlesque d’Arto Paasilinna à travers son célèbre roman « Le lièvre de Vatanen ». J’ai choisi de poursuivre la lecture de cet auteur par « La douce empoisonneuse » qui présente des similitudes mais aussi quelques distinctions avec cette œuvre connue.

La plume de l’auteur reste résolument burlesque, le ton se veut léger et plutôt caustique. Mais le sujet abordé semble plus grave que dans « Le lièvre de Vatanen » que l’on pourrait décrire comme une fable bucolique. Il y est ici beaucoup question de mort : la fable devient ainsi cruelle et immorale.
Au départ, le tableau brossé par l’auteur est champêtre. Mais très vite, la violence se fait jour, à travers un conflit générationnel, un goût immodéré des jeunes pour l’argent, la vie facile et l’alcool. Au début, on s’attache beaucoup à l’« avenante petite vieille » et on compatit à ses malheurs. Au fil des pages, la colonelle devient beaucoup plus effrayante, tant elle est mue par des pulsions inavouables. C’est la figure de la haine que dépeint Arto Paasilinna, avec son corollaire : le désir de vengeance.

A travers les mémoires de la colonelle, on apprend quelques fragments de l’histoire de la Finlande durant la seconde guerre mondiale.
La lecture est plaisante, le lecteur sourit, va même jusqu’à rire, mais reste marqué par le destin tragique de la colonelle et des trois jeunes. Le ton du « Lièvre de Vatanen » était résolument plus humoristique et léger. Au final, une écriture tout en finesse pour un propos somme toute assez violent et immoral.

Christelle GATE

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