dimanche 27 février 2011

Péplum de Amélie Nothomb

Ce roman d’anticipation est présenté comme s’il s’agissait d’un récit autobiographique. Une jeune romancière, nommée A.N au QI de « Jacynthe », subit une opération bénigne sous anesthésie générale. À son réveil, elle se retrouve dans une pièce inconnue et bien différente de sa chambre d’hôpital et est attendue par Celsius, un scientifique énigmatique au QI de 199 qui lui explique qu’entre son opération et son réveil, 585 années se sont déroulées ; nous sommes donc en 2580 . Un dialogue s’instaure entre la jeune romancière enfermée dans ce futur, et ce scientifique de l’avenir, durant lequel de nombreux points sont soulevés : la coïncidence que ce soit Pompéi, une ville fastueuse et culturellement riche, qui fut ensevelie par l’éruption du Vésuve au faîte de sa beauté, et qui soit parvenue « intacte » aux archéologues, les pénuries de ressources énergétiques, les régimes politiques, les auteurs classiques mais aussi la philosophie ou la grande guerre du « XXIIe siècle ».
"Cherchez à qui le crime profite". Quand un roman commence par cette phrase, on s'attend à ce que ce soit un polar. On n'a pas tort, ce livre pourrait être un polar. Sauf qu'il n'y a pas de policier.
Mais il y a un crime. Mobile : Pompéi. Arme du crime : Vésuve. Et le coupable ? Ce pourrait être le temps. À moins qu'il n'ait un alibi.
Ce livre est tout simplement fantastique, j’ai bu ce roman comme une boisson énergisante ! L'humour noir et cynique est omniprésent. Le langage soutenu aussi bien physique que littéraire crée une ambiance à la fois haletante et décontractée. La rencontre entre ces deux êtres que tout oppose vient nourrir un roman qui se lit d’une traite. On cherche à savoir qui prendra le dessus tout au long de ce combat où les arguments et contre-arguments se déchaînent.

Sabrina LE BOUCHER

vendredi 25 février 2011

Les forceurs de blocus de Jules Verne

Amateurs d’histoire et de marine, ouvrez vos yeux, ce livre est pour vous ! Rassurez-vous, je ne suis ni l’un ni l’autre et je vous affirme que ce récit est accessible à chacun. Il s’agit en fait d’un zoom sur une tranche de l’histoire lorsque les Etats-Unis n’étaient pas si unis que cela. Le neveu d’un grand négociant anglais perdant d’énormes sommes d’argent à cause de la guerre décide de prendre la mer pour aller chercher le coton qui se perd aux Etats-Unis malgré les blocus maritimes mis en place.
Le but est simple : vendre à prix d’or des munitions et affaires dont les Confédérés ont besoin contre des ballots de coton à bas prix pour les ramener en Angleterre afin de faire travailler l’industrie. Vous allez dire : « Ca ne m’intéresse pas ! » mais détrompez-vous, Jules Verne sait y faire…
Les moyens sont : un navire unique conçut spécialement pour cette mission unique en son genre. Mais voilà, l’équipage recruté, le voyage commencé, une jeune fille se trouve à bord à l’insu du capitaine et démarre alors une périlleuse aventure dans laquelle nous sommes littéralement immergés, palpitante et faisant retenir notre souffle à chaque instant de dangereux suspense…
Une œuvre méconnue de Jules Verne qui est à conseiller pour débuter dans l’œuvre littéraire de ce digne écrivain.

Benjamin LAMOTTE

mercredi 23 février 2011

La dame à la licorne de Tracy Chevalier

Nous sommes à Paris, en 1490. Jean le Viste, de récente noblesse, souhaite orner les murs de sa maison d'une série de tapisseries représentant une bataille. A cette fin, il s'octroie les services de Nicolas des Innocents, peintre miniaturiste arrogant et séducteur sans scrupule. S'il n'a pas l'habitude de ce genre de commande, il accepte néanmoins mais, à la demande de l'épouse de Jean Le Viste, Nicolas convainc ce dernier de remplacer les scènes de bataille par la représentation d'une jeune fille et d'une licorne. Charmé par Claude, la fille du maître des lieux, il décide de donner ses traits à son héroïne... Mais Nicolas est bientôt envoyé à Bruxelles afin de soumettre ses dessins au lissier Georges de la Chapelle, chargé de réaliser les tapisseries.
"La Dame A La Licorne", célèbre tapisserie dont on ignore presque tout, sert ici de prétexte à un livre choral, présentant les récits successifs des principaux personnages. Divisant son roman en cinq  parties, correspondant à différentes périodes et alternant entre Paris et Bruxelles, Tracy Chevalier reprend en quelque sorte la recette de "La Jeune Fille A La Perle", sans pour autant tomber dans la répétition. On y retrouve son écriture simple mais empreinte de douceur et d'élégance. Très crédible quant à la psychologie des personnages - mise en valeur par cette alternance de points de vue - ou à la société de l'époque, le roman fonctionne à merveille et parvient à toucher le lecteur. Si on y parle évidemment de l'aspect technique afférent à la tapisserie, ces passages s'intégrent parfaitement au récit, sans jamais lasser.
J'avais beaucoup aimé "La Jeune Fille A La Perle", et j'étais curieuse de lire ce roman. S'il est un peu moins abouti, il m'a néanmoins enchantée, tant par la finesse du portrait psychologique des personnages (avec une mention spéciale pour Aliénor) que par la peinture d'une époque dans laquelle j'ai eu la sensation d'être plongée, et par les descriptions des techniques de la tapisserie, desquelles je n'étais pourtant absolument pas familière. L'écriture, simple et délicate, m'a ravie, et je suis admirative de la manière dont l'auteur a "brodé" (sans jeu de mots !) de façon très crédible sur le sujet, imaginant une histoire attachante et sensible. Un livre qui donne envie d'admirer l'œuvre qui l'a inspiré, et que je recommande vivement !  


Fanny LOMBARD

lundi 21 février 2011

Les arcanes du chaos de Maxime Chattam

Yael, 27 ans, travaille à Paris dans un magasin de taxidermie, un métier qu’elle n’a pas vraiment choisi. Elle mène une vie banale et tranquille jusqu’à ce soir du mois d’août, où sans qu’elle s’en aperçoive, sa vie bascule. Ce soir là, en effet des « ombres » se mettent à communiquer avec elle, que ce soit par miroir interposé ou par écran d’ordinateur…En désespoir de cause, pour ne pas devenir folle, elle fait part de ces évènements à Thomas, un journaliste qu’elle a rencontré par hasard un soir dans un bar. Petit à petit, en résolvant les énigmes des ombres, ils découvrent une terrible machination qui semble bien les dépasser…
Au début de la lecture on a l’impression que ces phénomènes paranormaux vont nous emmener dans un roman où le fantastique aura la part belle, mais rapidement le coté irrationnel vire au rationnel pour notre plus grand bonheur de lecteur. Parce qu’il n’y a pas à dire, Maxime Chattam a un véritable talent pour raconter des histoires nous tenant en haleine de la première à la dernière page ! Et c’est bien le cas dans ce livre qui nous entraîne dans les secrets de l’histoire, de la géopolitique, du pouvoir et de l’argent. Un vaste programme auquel on adhère complètement grâce à une écriture limpide et un rythme effréné. Les seuls temps morts que nous rencontrons sont les extraits du blog d’un  fils de diplomate féru de politique, nous exposant sa théorie sur les attentats du 11 septembre 2001.
Manipulation est le maître mot de ce roman qui nous emmène des catacombes de Paris aux Etats-Unis en passant par la  Haute Savoie. Des lieux différents mais ayant pour point commun la présence d’indices laissés par  « le maître des ombres » pour amener nos deux jeunes gens à la révélation finale. Un peu comme un jeu de piste dont l’enjeu est de sauver sa vie tout en tentant de découvrir qui se cache derrière tout cela…Je ne peux en raconter plus tant il serait dommage de dévoiler la fin magnifiquement amenée…Tout ce que je dirai c’est qu’on espère que c’est bien un roman parce que beaucoup de choses font froid dans le dos quand on y pense bien... Vraiment une belle réussite que ce thriller qui, non seulement nous procure un grand plaisir de lecture mais en plus nous  révèle quelques secrets, vrais ou pas, chacun se faisant son idée…

Nicole VOUGNY

samedi 19 février 2011

La geste des princes-démons Tome IV : Le visage du démon de Jack Vance

Kirth Gersen poursuit d'une vengeance implacable les cinq Prince-Démons qui ont massacré sa famille à Mount-Pleasant. Il s'attaque ici à Lens Larque, un monstre sadique et arrogant particulièrement retors. Gersen a pour lui une immense fortune, une terrible obstination, un corps athlétique bien entraîné et un esprit aiguisé. Cela sera-t-il suffisant pour venir à bout du terrifiant criminel ?
La Geste des Prince-Démons n'est pas pour rien une des oeuvres majeures de Jack Vance : Dans ce quatrième tome, on le découvre au mieux de sa forme !
Dans une première partie, Gersen utilise le système judiciaire de la planète Aloysius pour faire venir à lui le rusé malfaiteur. Mais Larque est célèbre pour ses mauvais tours et c'est lui qui remporte cette première manche, contraignant Gersen à continuer la bataille sur son propre terrain, la planète Dar Sai. Gersen, décidé à acquérir une société qui semble servir de paravent à son adversaire, devra alors faire appel à d'autres talents pour parvenir à ses fins : espionnage, persuasion et même actions très physiques. Le final se jouera sur Methel, planète voisine de Dar Sai, où Gersen découvrira enfin les secrets que cachaient les activités occultes de Larque, lors d'une fin de partie privilégiant la vitesse et l'intuition.
Le héros est un personnage particulièrement fort et attachant. Malin autant que musclé, il se tire de toutes les situations dans lesquelles il s'empêtre dans sa quête, mais on lui découvrira ici des émotions qu'il montre rarement : La peur d'abord, car Larque passera bien près de l'éliminer de manière cruelle et raffinée, mais aussi l'amour, pour une jeune et belle aristocrate, au point qu'il envisage sérieusement de mettre de côté sa vengeance ! Les seconds rôles sont également intéressants et apportent de la consistance à l'ensemble : le méticuleux et dévoué Jehan Addels, expert financier et juridique de Gersen ; l'homme de confiance de Larke, le mystérieux Panshaw ; Bel Ruk, l'homme de main de ce dernier... De quoi mettre une belle ambiance !
Côté décor, on est également gâtés au niveau des planètes visitées, Vance assurant sa réputation bien méritée d'inventeur de mondes et peuples originaux et curieux. Si Aloysius est une planète assez classique, ce n'est pas le cas de Dar Sai : un désert brûlant et inhospitalier habitant un peuple dur et orgueilleux, aux coutumes sexuelles bizarres... Quant à Methel, c'est un paradis dont l'élite arrogante n'aime guère fréquenter le reste de la population. Suivre Gersen dans ses aventures, c'est s'assurer un voyage coloré et dépaysant !
Le style est très agréable, très visuel avec beaucoup de descriptions mais sans longueurs. Les informations plus techniques sur le contexte sont données en entrée de chapitre ou en notes de bas de page, ce qui permet de ne pas alourdir le texte. De nombreux dialogues et des événements relatés rapidement donnent du rythme au récit. Au final, je l'ai dévoré rapidement et compte bien découvrir bientôt la fin de la quête de Gersen dans le tome suivant !


Marie-Soleil WIENIN

jeudi 17 février 2011

Les vacances du Petit Nicolas de Sempé et René Goscinny

Voici un livre qui se lit avec plaisir et qui fait rire aussi bien les petits que les grands. Nous vivons, grâce à Sempé et Goscinny, les vacances du petit Nicolas. Du choix du lieu de vacances au retour en passant par toutes les activités estivales, on rigole bien ! Et puis la colonie n’est pas de tout repos ! Le petit Nicolas est toujours aussi attachant, avec sa façon de parler qui va avec son âge, son vocabulaire et ses réflexions… Ce roman se lit avec une grande facilité et nous replonge, avec délectation, le temps de ses quelques pages (150 tout de même, mais qui passent si vite !) dans nos jeunes années encore pleines d’insouciances. Les illustrations sont nombreuses et agréables à regarder. Je recommande ce livre à tout ceux qui veulent passer du bon temps et oublier pendant quelques instants le quotidien et revenir dans la vraie vie le sourire aux lèvres!

Sabrina LE BOUCHER

mardi 15 février 2011

Le grimoire de Jane Stanton Hitchcock

Une documentaliste américaine, suite au décès de son père bibliophile, part à la recherche de son meurtrier et se trouvera elle-même.
Documentaliste au service d’écrivains, Béatrice, séparée de son compagnon et sans enfant,retourne vivre chez son père le temps d’apprivoiser sa solitude nouvelle. La mort de son père va la forcer à regarder et à appréhender son passé et celui de ses parents d’une façon différente. Elle va aussi être obligée d’affronter ses propres démons et se découvrira une âme de féministe bien « trempée » avec tout ce qu’implique la notion de féminisme, notamment au niveau de la sexualité.
Béatrice va voyager : Grande-Bretagne, Italie, Suisse...côtoyer de dangereux individus adhérents d’une secte, fanatiques de violence et des méthodes de l’inquisition, s’essayer à résoudre une énigme datant de la seconde guerre mondiale.
Se croyant investie par Dieu d’une mission (pourquoi pas ...), elle va lutter contre cet obscurantisme moyenâgeux qui transforme toutes les femmes en sorcières, en servantes du diable.
Beaucoup de personnages dans le livre (surtout des hommes) citent Dieu, les saints, les Evangiles, récitent des prières tout en ayant adopté une conduite opposée aux dogmes de l’Eglise.
Ils sont surtout intéressés par l’argent et la puissance. Puissance qui leur est acquise grâce à la peur (notamment de la torture) qu’ils engendrent chez les autres. Ils critiquent les femmes tout en oubliant qu’ils viennent eux-mêmes d’une femme.
Dans ce roman, foi, intégrisme, magie, cupidité, trésor, violence, bêtise, bibliophilie et amour forment un curieux cocktail. On découvre aussi que les livres, grâce au savoir qu’ils procurent, peuvent affoler certains et, en même temps, que des idées véhiculées par leur intermédiaire et mal comprises peuvent être extrêmement dangereuses. Le pouvoir des livres donc des mots et des idées est toujours surprenant et toujours surprenant, également, le fait que ce pouvoir amène le plus souvent, destruction ou asservissement plutôt que connaissance ou /et amour.


Thérèse VITRANT

dimanche 13 février 2011

Le chien jaune de Georges Simenon

Concarneau, novembre. De l’Hôtel de l’Amiral sort un homme ivre. Il fait quelques pas puis tombe à terre, fauché par une balle. Le lendemain, à l’Amiral, un médecin de la ville déjoue une tentative d’empoisonnement, alors que le commissaire Maigret vient d’arriver. Puis un journaliste du coin disparaît mystérieusement. On remarque en ville, traînant autour du café un étrange chien jaune. Concarneau commence à avoir peur…
Avec « Le chien jaune », je découvrais le commissaire Maigret et avec lui la plume de Simenon. Ce fut une lecture plaisante et agréable.
Si la première publication de ce polar date de 1931, je trouve qu’il n’a pas du tout vieilli tant sa force réside dans le fait de camper une atmosphère. Simenon a véritablement écrit un roman d’atmosphère à travers les descriptions sobres et précises qu’il livre au lecteur. Le début notamment est saisissant : la tempête fait rage alors que la marée est haute. Ce temps agité inaugure un drame, le premier qui saisit Concarneau. A d’autres moments, le soleil est éclatant, lavant le ciel d’un bleu azur. Puis le vilain temps revient. Flux et reflux météorologiques, à l’image du cycle des marées. La présence du chien jaune apporte une touche un peu fantastique au récit : qui est cet étrange animal ? Quel est son rôle dans les meurtres ? Qui est son maître ?
L’enquête est classique mais magistrale, un peu comme dans les polars d’Agatha Christie. Maigret est un commissaire qui ne s’en laisse pas compter, surtout par de jeunes inspecteurs, qui aime à répéter qu’il ne faut jamais déduire, qui se forge secrètement sa propre opinion, puis la livre dans un final éblouissant qui fait éclater une vérité insoupçonnée. Tous les éléments disparates du polar s’emboîtent alors permettant au lecteur d’accéder au sens de l’œuvre.
Une enquête passionnante, une écriture qui n’a pas vieilli, de belles descriptions qui concourent à camper une atmosphère oppressante d’où surgit au final la vérité.


Christelle GATE

vendredi 11 février 2011

Macaire le copte de François Weyergans

Au IV siècle de notre ère, après avoir été  en total désœuvrement social puisqu’il a été à la suite : esclave, fugitif, pilleur de tombe, apprenti magicien et boulanger, Macaire décide après une rencontre avec un ermite dans le désert de dédier sa vie à la chrétienté.
Alors, Macaire se dépossède de tous ses biens, s’enfonce dans le désert et va vivre chez des ermites qui ne l’acceptent pas facilement et lui font subir de dures épreuves pour le tester.
Quelques années plus tard et par la volonté de Dieu, il décide de les quitter. Suivant son chemin et après maints périples, il s’installe dans les déserts de Nitrie et de Scété où il devient fameux au point que de nombreux personnes le veulent comme maître spirituel.
J’ai trouvé ce petit livre un peu fade, mais il est fort probable que des lecteurs attirés par la religion apprécieront plus que moi.
La vie des moines ou plutôt des ermites y est fort bien décrite, pauvres et sans hygiène notamment. Privations, punitions, humiliations, solitude et humilité sont les maîtres mots de ce style de vie. Apparait également de nombreuses fois et celadurant tout le long de la vie de Macaire, le fait de ne rien posséder, d’être totalement détaché du monde des humains.
Il me semble important de tenir en compte, durant la lecture du roman que la chrétienté est alors une religion toute neuve et que pratiquer à la lettre la Bible est une compétition entre les ermites.
L’histoire se déroule dans sa quasi-totalité dans le désert. Par conséquent l’auteur décrit les oasis, des paysages lunaires ainsi que des hypogées.
J’ai senti le désert comme vivant car c’est dans ce lieu que Macaire découvre l’essentiel c'est à dire que Dieu est en chacun de nous et surtout c’est laà où il se découvre lui-même.

Edouard RODRIGUEZ

mercredi 9 février 2011

Pavillon 38 de Régis Descott

Dante, condamné pour avoir agressé une jeune femme à son domicile, est transféré à l'hopital psychiatrique après s'être mutilé dans sa cellule. Pris en charge par l'expert psychiatre Suzanne Lohmann, son état est préoccupant : prostré, il délire au sujet d'un serpent qui le pousserait à violer et massacrer des femmes. Pourtant, au bout de quelque temps, il semble réagir positivement au traitement, et le Dr Lohmann le juge apte à quitter l'hôpital. Mais lorsqu'un cadavre est retrouvé, démembré de la manière décrite par Dante, peu de temps après sa sortie de prison, la psychiatre, déjà en difficulté dans sa vie privée, est sur la sellette. Mise en cause, elle entreprend d'aider la police afin d'arrêter son ancien patient. C'est compter sans un journaliste, pistant un tueur en série depuis des années, et qui ne croit pas une seconde à la culpabilité de Dante...

Rédigé dans un style fluide laissant une large part aux dialogues et avec un vocabulaire accessible, ce thriller se lit sans déplaisir. L'intrigue, bien qu'un peu prévisible, est prenante, sans temps mort ni longueur. On peut regretter que l'auteur ne parvienne pas à éviter certains clichés, comme l'aventure entre le polciier et l'héroïne, l'incontournable tueur en série ou le personnage du journaliste sans foi ni loi - impression néanmoins atténuée par la nuance qu'il apporte à ses héros. Par contre, on sent un véritable travail de recherches derrière ce roman, et particulièrement sur l'UMD Henri-Colin et l'univers psychiatrique. Enfin, l'histoire est crédible : on y croit, sans jamais la juger tirée par les cheveux.

Ce livre m'a semblé intéressant, offrant une intrigue solide, qui tient la route, et une héroïne sympathique. Peut-être les personnages auraient-ils gagnés à être approfondis, principalement le commissaire, dont j'aurais aimé le portrait psychologique plus fouillé. Un autre bémol, celui-ci de taille : certains passages de viol et de mutilation sont à la limite du sordide, et je ne suis pas certaine que cette surenchère dans le macabre apporte quoi que ce soit au roman. Dommage de privilégier le gore au thriller psychologique... Cela étant, "Pavillon 38" reste un bon roman, où l'auteur a réussi à capter le meilleur des thrillers à l'américaine. Si vous avez l'estomac solide, vous devriez passer un bon moment.


Fanny LOMBARD

lundi 7 février 2011

Un élève de trop de Julia Jarman

Dans le monde des adultes, en apparence, tout va bien. Le petit Danny est ami avec le petit Franck. Sauf que Danny possède quelques particularités : il aime les livres, le latin, l’histoire et à l’école, ça ne fait pas recette chez ses camarades. Ayant changé encore une fois de collège, Danny se retrouve avec son ami d’enfance Franck mais ce n’est plus pareil. Il faut que Franck supporte encore Danny et il ne peut plus, il ne veut plus. Le reste de la classe est du même avis et les ennuis commencent.
Sauf que ces ennuis, dans le monde des adultes, on ne les perçoit pas souvent, et les coups endurés doivent être endurés tout seul. Pourquoi cette haine ? Qu’a-t-il de différent des autres ? Il n’est pas malade ni contagieux…
Et puis un voyage en Normandie a lieu pour retracer les lieux de la Seconde Guerre Mondiale et pour Danny Lamb, cela ressemblera à un véritable enfer, la bande des « durs » de la classe l’a promis.
Julia Jarman, qui utilise des faits authentiques pour écrire ses livres nous apporte dans celui-ci une belle approche d’un problème que vivent de nombreux enfants, à savoir la violence à l’école, cette violence cachée, dissimulée aux parents et aux professeurs. Plusieurs fois, vous retrouverez un rythme littéraire qui fait vivre au plus près les sensations des personnages se trouvant des deux côtés de la barrière.
Je vous invite à découvrir ce roman accessible qui changera votre conception de la vie scolaire.

Benjamin LAMOTTE

vendredi 4 février 2011

La douce empoisonneuse de Arto Paasilinna

La colonelle Linnea Ravaska vit dans une maisonnette rouge « dans un paisible décor champêtre ». Mais la quiétude de cette « avenante petite vieille » n’est qu’apparente. C’est ainsi que chaque mois, lorsqu’elle perçoit sa pension, son jeune neveu flanqué de deux complices turbulents la détroussent sans vergogne et sèment désordre et confusion dans sa paisible existence. Une idée se fait jour progressivement chez la colonelle : et si le poison était le remède à ses tracas ? L’idée fait son chemin…
 J’avais découvert la plume burlesque d’Arto Paasilinna à travers son célèbre roman « Le lièvre de Vatanen ». J’ai choisi de poursuivre la lecture de cet auteur par « La douce empoisonneuse » qui présente des similitudes mais aussi quelques distinctions avec cette œuvre connue.

La plume de l’auteur reste résolument burlesque, le ton se veut léger et plutôt caustique. Mais le sujet abordé semble plus grave que dans « Le lièvre de Vatanen » que l’on pourrait décrire comme une fable bucolique. Il y est ici beaucoup question de mort : la fable devient ainsi cruelle et immorale.
Au départ, le tableau brossé par l’auteur est champêtre. Mais très vite, la violence se fait jour, à travers un conflit générationnel, un goût immodéré des jeunes pour l’argent, la vie facile et l’alcool. Au début, on s’attache beaucoup à l’« avenante petite vieille » et on compatit à ses malheurs. Au fil des pages, la colonelle devient beaucoup plus effrayante, tant elle est mue par des pulsions inavouables. C’est la figure de la haine que dépeint Arto Paasilinna, avec son corollaire : le désir de vengeance.

A travers les mémoires de la colonelle, on apprend quelques fragments de l’histoire de la Finlande durant la seconde guerre mondiale.
La lecture est plaisante, le lecteur sourit, va même jusqu’à rire, mais reste marqué par le destin tragique de la colonelle et des trois jeunes. Le ton du « Lièvre de Vatanen » était résolument plus humoristique et léger. Au final, une écriture tout en finesse pour un propos somme toute assez violent et immoral.

Christelle GATE

jeudi 3 février 2011

Cinq semaines en ballon de Jules Verne

Cinq semaines en ballon est un roman de Jules Verne, paru en 1863. Il s''agit d''un de ses premiers romans. Les 3 personnages principaux sont très attachants. Nous retrouvons un savant, Samuel Fergusson, intrépide prêt à toutes les aventures et surtout riche de connaissances, Joe le domestique plus que fidèle à son maître et l’ami Dick qui n’a pas eu d’autre choix que de faire partie du voyage. J’ai apprécié l’intrigue féconde en aventures et en rebondissements de toutes sortes et des descriptions techniques, géographiques et historiques. Le livre est un bon résumé des explorations du continent africain, qui était encore inconnu à cette époque des Européens mais sillonné par les explorateurs qui veulent en découvrir les secrets. Le docteur Fergusson prend la décision d’aller  à la découverte des sources du Nil entrainant dans son voyage son domestique et son ami Dick, à  l'aide d'un ballon gonflé à l'hydrogène. Cette invention lui permet d’effectuer des voyages plus longs que ses prédécesseurs. Ce voyage est censé compléter les explorations faites par Burton et Speke en Afrique orientale et celles de Barth dans les régions du Sahara et du Tchad. Partis de Zanzibar, les trois aéronautes réalisent effectivement la traversée, au prix d’aventures heureuses ou malheureuses au terme desquelles ils parviennent au Sénégal avant de retourner en Angleterre où ils reçoivent un accueil plutôt enthousiaste. J’ai aimé dans ce roman la traversée d’une grande partie de l’Afrique. Le point de vue des Européens vis-à-vis du peuple Africain peut gêner au début du roman, heureusement nous avons évolué sur ce sujet ! On retrouve quand même dans ce roman une critique sur l’esclavage. Ce roman est très enrichissant tant en terme de connaissance sur la découverte de l’Afrique qu’en terme découverte des peuples entre eux.

Sabrina LE BOUCHER

mardi 1 février 2011

Cercueils sur mesure de Truman Capote

Jack, détective privé, enquête sur une série de meurtres assez sordides : un couple retrouvé mort dans sa voiture infestée de crotales, un autre brûlé dans sa maison incendiée, un ami de Jack, décapité ou encore un homme empoissonné. 8 personnes, à ce jour,  ont été assassinées et toutes avaient reçu, au préalable, par la poste, un cercueil miniature avec leur photo à l’intérieur. Cette liste ne semble pas vouloir s’achever.
Truman Capote, alors journaliste, rejoint son ami Jack pour étudier au mieux cette enquête qui ne semble pas vouloir trouver sa résolution rapidement. Jack espère que la vision personnelle de son ami le mènera vers le mobile du crime et le coupable. Il présente alors à Truman Capote, sa future femme et victime potentielle, Maddie, qui a reçu le cercueil elle-aussi et connaissait toutes les victimes.
A partir de là, le récit dévoile plusieurs informations qui vont permettre aux deux enquêteurs de relier ces meurtres entre eux et d’installer un suspect difficilement contestable pour le lecteur.
Plus que la résolution même de l’enquête, c’est la manière très moderne dont Truman Capote raconte les différents événements qui fascine et passionne. Le style est vif, sans emphases, et captive. (100 pages environ resserrent efficacement le récit).
Le lecteur s’accroche aux éléments de l’enquête, il se surprend même à émettre des suppositions, à pousser plus loin son raisonnement.
Au risque peut être, d’être déçu par un dénouement encore obscur et incertain. La précision des faits, la finesse des hypothèses et l’engagement viscéral de Jack puis de Truman Capote auraient pu mener à une vérité implacable et à une condamnation sans appel. L’écrivain en a décidé autrement…
A vous de voir, maintenant !


Cécile PELLERIN

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