vendredi 4 avril 2008

L’homme du labrador de Bernard Clavel

Freddy débarque dans le café des Trois Maries du vieux Lyon. Il cherche Wallace, un américain à qui il manque quelques doigts comme à sa propre main. La serveuse rousse s’interroge face à cet homme beau et mystérieux : « C’est à cause du froid du Labrador ». Et nous voilà entraînés comme Sophie rebaptisée Nelly et les habitués du café, dans le grand Nord où Freddy compte retourner après avoir récupéré la carte de la piste conduisant à la mine d’or. Autour de l’aventurier se pressent des lyonnais ébahis et la rencontre amoureuse entre Nelly et Freddy les conduit rapidement dans la chambre de la serveuse, coup de foudre entre deux êtres trop seuls. Pour le bien de la future expédition et semblant concrétiser un rêve inaccessible de partage et de couple, Nelly sera du voyage pour le Grand Nord. Mais retrouveront-ils Wallace ? Partiront-ils vraiment tous les deux ou n’est-ce qu’une illusion, l’histoire de ces quelques jours et nuits passés à rêver de ce pays lointain, ses fleuves, ses indiens, et son froid mordant… ? Entretenant le suspense avec de brefs rebondissements, des préparatifs et des interrogations, on se prend à croire au bonheur de Nelly et au courage de Freddy tout en redoutant une désillusion possible devant tant de bonheur prévu (le Voyage, l’Aventure, l’Or…). Bernard Clavel décrit avec des phrases brèves et des pointes d’émotions, les bruits des rues et les brouhahas de café, les brumes de la Saône et les pensées de la jeune Nelly. Un petit livre à lire d’un trait pour un voyage rare, un bref passage de vie sur lequel s’ouvre et se referme « la porte du café, celle qui grince lorsqu’on ne la soulève pas, gonflée par l’humidité du temps ». J’ai choisi ce livre de Bernard Clavel, connaissant déjà l’auteur de réputation et d’écriture. Après avoir lu Le Carcajou, ou Les petits bonheurs, j’ai été touchée par son écriture simple et ses récits où la nature et les hommes aux purs instincts prennent toute la place, et avec quelle dimension poétique par les mots de cet auteur jurassien qui nous fait découvrir plus que sa région ! Dès le livre fermé on a envie de se plonger dans un nouveau récit de gens ordinaires, de gens du passé et de les suivre sur les routes, dans leurs maisons ou dans le Grand Nord, sujet de prédilection de Clavel. Un conseil : piocher dans sa longue bibliographie et lisez un de ces morceaux de vie aussi intense qu’un (très) bon film hollywoodien. Fanny JOLIVET

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