Joseph Gastin, instituteur muté à St André-sur-Mer dans les Charentes, vient trouver le commissaire Maigret à Paris et lui demande de l’aider. Tout le monde l’accuse du meurtre de Léonie Birard, la « bête noire » de ce village car elle injuriait tout le monde. Attiré par des souvenirs de jeunesse, plus que par le crime, Maigret décide de s’y rendre. Dans ce petit bourg, on n’aime pas les étrangers et tout se sait, le vrai comme le faux.
Maigret y mène son enquête, tranquillement, en interrogeant les adultes et même les enfants de l’école qui s’amusent souvent avec des carabines. Par peur ou par méchanceté des mensonges fusent, des non-dits s’installent, semant le trouble chez les habitants. Mais peu à peu, le commissaire arrivera à démêler tous ces propos et trouvera le coupable.
Dans ce livre Maigret évolue dans un milieu qui me semble rustre, où les suspicions, les jalousies, les moqueries gratuites sont nombreuses. Tout le monde se connaît, se critique mais ils sont solidaires dès qu’il s’agit de se liguer contre un étranger ou quelqu’un de différent d’eux. Ce qui rappelle bien la mentalité des villages d’après guerre.
Dans un style simple, agréable à lire, sans violence malgré les crimes (nous assistons uniquement à l’enquête) Simenon crée une atmosphère bien à lui dans laquelle il dépeint une certaine époque où l’on prenait le temps de vivre. Ainsi Maigret, tout en se mêlant à leur vie, observe les gens, analyse leurs faits et gestes, les situations. J’adore cette façon de retracer l’enquête. Elle est « englobée » dans la description de la vie de tous les jours ce qui la fait avancer en douceur. L’intrigue se dévoile par petits bouts, calmement. On soupçonne les uns, puis les autres, le suspense se maintient jusqu’au bout. J’adore aussi les détails poétiques, amusants ou autres qui n’ont rien à voir avec l’enquête mais qui donnent encore plus de charme à ces livres. A lire sans modération !
Hélène SALVETAT
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