mercredi 19 mai 2010

Parti de François Salvaing

Parti est un roman, un jeu de miroir où se cache une savante autobiographie politique.
Un homme, Marc Elissalde, raconte un autre, Frédéric Sans, un ami, un compagnon, parfois un boulet. Tous les deux côtoient de près ou de loin, et suivant les époques, le Parti Communiste. L’un est un professeur en disponibilité devenu cadre du parti et l’autre tout à la fois ou successivement acteur, journaliste et écrivain. Leur rattachement ou leur engagement, quand ce n’est pas leur dissidence, ont toujours à faire avec l’époque, les chars russes et les invasions de pays souverains, le Programme Commun ou l’appartenance à des gouvernements socialistes.
François Salvaing dresse dans ce roman un portrait de plusieurs générations, des générations lucides mais pleines d’idéal qui avec la fin du vingtième siècle ont sombré dans la dépression collective. En revenant  sur les dernières décennies du Parti Communiste, en s’arrêtant sur la trajectoire de ces hommes pleins de bonne volonté qui l’ont porté, défendu et quitté, l’auteur confronte le lecteur à la difficulté de l’engagement. Car s’engager politiquement, dans la durée et pour faire changer la société dans ses fondements, n’est jamais simple.
Le style de François Salvaing alterne les longues phrases tortueuses, hachées de virgules, de digressions, et de plus courtes, comme des coups de poing. Le but n’est jamais manqué, quelque soit la façon de dire, quelque soit le propos, faisant preuve d’un humour acide ou pince sans rire, l’auteur ne rate jamais sa cible. Il ne s’agit pas ici de pose ou de cynisme, le roman veut faire réfléchir et comprendre sans être didactique. De façon anecdotique on apprend que l’on peut devenir un fonctionnaire de la Révolution sans jamais vouloir partager la vie de ceux que l’on veut guider. Mais on croise aussi des noms connus, dans des situations pas toujours glorieuses.
Tout le long de ces cinq cents pages, François Salvaing nous tient en haleine, il réussit l’exploit de rendre intéressant un sujet qui à première vue ne le semblait pas et pourtant concerne chacun de nous.


Jacky GLOAGUEN

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