jeudi 6 mai 2010

Farenheit 451 de Ray Bradbury

Guy Montag aime son métier : il est pompier. Dans la société dans laquelle il vit, les pompiers sont pyromanes : ils ont pour mission de brûler les livres des hérétiques qui en cachent chez eux au mépris de la loi. Les pompiers sont appuyés dans leurs missions de limiers-robots, des machines chargées de tuer les hors-la-loi. Un jour, Montag est appelé avec sa cohorte chez une femme qui, voyant l’incendie que les pompiers s’apprêtent à allumer chez elle, décide de s’immoler par le feu. Montag en ressort à jamais altéré. Il s’empare alors discrètement d’un livre…
 « Fahrenheit 451 » est une dystopie écrite dans les années 50 qui nous conte l’histoire d’une société totalitaire qui malmène les livres et leurs lecteurs. « Fahrenheit 451 », c’est la température à laquelle le papier s’enflamme et se consume. Les brigades de pompiers pyromanes, menées par le capitaine Beatty, organisées autour de la Salamandre, se déploient dans la cité et sont chargées du maintien de la loi, en organisant la censure.
Dans cette société, la littérature et l’imaginaire sont bannis, au profit des médias abrutissants : c’est ainsi que s’élèvent dans les salons des particuliers des « murs-écrans », ce qui n’est pas sans rappeler le mythe de la caverne selon Platon, puisque ceux-ci font régner les ombres sur les murs, créant l’illusion d’une famille. Les « radios-dés » ou « Coquillages », à l’instar des salons-télé, maintiennent les citoyens dans l’étourdissement et le bonheur illusoire.
Cette société totalitaire, qui fonctionne sur le mode de la censure, a généré sa frange de rebelles, comme Montag. On retrouve ici la même sédition que chez Winston Smith, dans « 1984 » de Georges Orwell. La censure a permis aux révoltés de développer leur faculté de mémoire et d’imagination, puisque chacun incarne la mémoire d’un livre entier.
Le style de l’auteur est résolument poétique. Il use de nombreuses métaphores qui enrichissent le texte, mais le complexifient également, rendant l’ensemble dense. Le début est à ce titre représentatif de la suite, puisqu’il y a plus d’une dizaine de métaphores dès les premiers paragraphes du roman. Les descriptions sont précises et fouillées. L’auteur a recours à une symbolique riche, celle du feu, bien sûr, le feu qui détruit, mais aussi le feu qui purifie, ou le feu bénéfique, apportant chaleur et réconfort. Le passage vers la fin où le mythe du Phénix est abordé m’a semblé nodal :  c’est à ce moment que l’ouvrage prend tout son sens, à rebours.
Une fable effrayante, visionnaire à l’image de « 1984 » ou du « Meilleur des mondes » - deux autres dystopies - qui nous amène à réfléchir sur les livres que Bradbury compare, avec son sens des métaphores, à des oiseaux de papier. J’ai apprécié les commentaires didactiques à destination des étudiants qui faisaient suite au roman : cela m’a donné des clés de lecture et de compréhension de l’œuvre.


Christelle GATE

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