mardi 9 novembre 2010

Castro l'infidèle de Serge Raffy

Fidel Castro : un nom qui appartient désormais à l'histoire. Mais comment l'enfant de Biran, fils illégitime d'un riche propriétaire proche du dictateur Batista et des intérêts américains, est-il parvenu à conquérir, puis conserver le pouvoir à Cuba pendant plus de de 50 ans ? Quel fut son parcours ? Qui est-il vraiment ? De son enfance à Santiago à son éloignement du pouvoir exécutif en 2006, en passant par son apprentissage de la politique, la guérilla, la mise en place du régime, le rapprochement avec les soviétiques, la crise des Missiles, ses liens avec le Che, les procès politiques, sa vie amoureuse ou encore l'affaire du petit Elian Gonzales, ce livre retrace la vie d'une des figures majeures de l'Histoire, aussi controversée que fascinante.

Si ce livre est présenté comme une biographie, il a du roman le souffle stylistique et le sens de la narration. Les formules et tournures font mouche, l'écriture est simple mais parvient à exposer clairement des situations politiques pourtant complexes. On y trouve des portraits et des anecdotes saisissants, et l'on y croise aussi bien le Che que Camilo Cienfuegos, Gabriel Garcia Marquez, Regis Debray, JFK, PPDA, Kroutchev, Allende, Nixon, Gorbatchev... et bien d'autres ! Mais pour aussi passionant soit-il, ce livre est avant tout un portrait à charge de Fidel Castro, qu'il dépeint sans ambage comme un psychopathe paranoïaque et manipulateur. Ce ne serait pas gênant si l'ensemble était solidement étayé : or, nonobstant la virulence du propos, les faits argués par l'auteur sont souvent faibles, voire à contresens des documents cités. Ce manque de rigueur nuit incontestablement à la crédibilité de l'ensemble.

Si j'ai beaucoup aimé ce livre, je l'ai davantage abordé comme un roman que comme une biographie. Certes, le récit est intéressant, mais j'ai été gênée par l'absence de références et par le parti pris évident de l'auteur... C'est bien dommage, car l'ouvrage tient davantage de la diatribe que de la biographie neutre, et les révélations édifiantes y perdent de leur poids, tel ce chapitre, passionnant, sur l'assassinat de Kennedy. Au final, mon impression est résumée par un proverbe italien : se non è vero, è bene trovato ! Un ouvrage à lire, à mon humble avis, en prenant soin de garder un esprit critique - et avec une boîte de calmants pour les pro-Castro ! Une petite déception du point de vue journalistique, mais cependant une réussite sur le plan littéraire. 

Fanny LOMBARD

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