dimanche 21 novembre 2010

La compagnie de Robert Littell

Berlin début janvier 1950. Nous sommes en pleine guerre froide entre l’union soviétique et les Etats unis. Harvey Torriti dit « le sorcier » et Jack McAuliffe ont préparé dans ses moindres détails le passage à l’ouest d’un membre du KGB. Malheureusement cette exfiltration échoue, les Russes ayant été manifestement prévenus. Il semblerait donc que quelqu’un de l’ouest, gravitant autour des responsables de la CIA,  fournisse des informations à l’est…Commence alors une traque à la taupe qui va réussir, mais dont le dénouement n’empêchera pas d’autres opérations de manquer…Les usses auraient-ils réussi à mettre encore un des leurs à la direction de la CIA ?
Il n’était pas facile de faire découvrir les rouages d’une grande administration  du renseignement tout en tenant en haleine les lecteurs! Et bien c’est mission accomplie pour Robert Littell car nous sommes littéralement happés par ce roman passionnant et fascinant allant du début de la guerre froide jusqu’aux années 1990. L’écriture est belle, prenante, rythmée et pleine de suspense. Les différents personnages, réels ou fictifs, que nous suivons tout au long de ces années nous aident à comprendre bien des événements qui se sont passés mais aussi la difficulté du métier de ces hommes de l’ombre. Le risque est omniprésent, ils vivent avec la méfiance, et en cas d’erreur la mort ou la torture au bout du chemin. Sur le terrain, ils sont livrés à eux mêmes, mais doivent tenir compte des politiques, des instructions et ordres de la direction. Et le pire c’est que quelquefois les renseignements obtenus au péril de leur vie ne sont même pas transmis en haut lieu parce qu’ils ne vont pas dans le sens escompté ! Effrayant quand on y pense mais expliquant bien des choses rétrospectivement…
Il est aussi très intéressant de voir le parallèle entre deux mondes différents dont les méthodes de recrutement, de tactiques, de pressions ne sont pas si éloignées que cela. Mais l’auteur n’a pas encensé la CIA, il nous a aussi montré ses faiblesses, ses limites et les conséquences que cela a pu avoir sur le monde, tout comme il l’a fait pour le KGB. Il a aussi réussi à nous faire comprendre les motivations de ces agents doubles, tout étant histoire de convictions le plus souvent et parfois d’argent. Il y a encore beaucoup d’autres enseignements à tirer de cette lecture. Pour moi ce livre est vraiment une référence non seulement en matière de romans d’espionnage mais aussi pour notre culture personnelle. Et sincèrement on ne voit pas passer les 1200 pages…

Nicole VOUGNY

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