dimanche 13 mars 2011

C'était notre terre de Mathieu Belezi


Six cent cinquante trois hectares, c’était la superficie du domaine de Montaigne en Algérie appartenant depuis de nombreuses années à la famille Saint-André. Six cent cinquante trois hectares qui ont vu grandir Antoine, Marie-Claire et Claudia, élevés plus par Fatima que par leurs parents, trop occupés à conserver leurs privilèges de colons devant les velléités d’indépendance des algériens. Certains vont fuir, d’autres rester, mais une chose est certaine : leur vie ne sera plus la même…
C’est à travers les souvenirs et les pensées de six personnages que nous suivons les étapes de l’arrivée à l’indépendance du peuple algérien. Six personnages dont la vision des choses et les idées sont différentes, parfois même opposées, dressant ainsi un tableau pertinent des divers évènements qui ont marqué cette page sanglante et peu glorieuse de notre histoire de France. Six personnages par lesquels nous abordons les principaux comportements que les colons ont eus, sans sentimentalisme excessif mais avec un réalisme saisissant. Ainsi la volonté de certaines personnes, dont la mère, de ne pas quitter leur terre natale, allant jusqu’à dilapider leur fortune pour aider l’OAS, ces français résistant aux consignes du gouvernement français. Ou alors les souvenirs des deux filles qui se sont réfugiées en France, l’accueil qu’elles ont eu lors de leur arrivée ainsi que leur vie depuis leur retour. Avec Fatima, nous voyons l’arrogance et le comportement plus que méprisant des colons à l’égard de leurs employés et on se dit que ce qui est arrivé n’est finalement que justice…Et que dire du destin d’Antoine, qui a eu le malheur d’épouser la cause algérienne ? Grâce à ces différents points de vue on voit bien tous les éléments à prendre en compte pour comprendre ce qui s’est passé à cette époque. Ce n’est pas toujours facile à lire, c’est parfois dérangeant, déconcertant ou pitoyable mais ce type de narration est très efficace même si cela donne un ensemble un peu complexe et parfois difficile à suivre. D’autant que les chapitres ne sont composés que d’une seule phrase…heureusement ponctuée de virgules, de points d’interrogation et d’exclamation qui aèrent ainsi le texte.  J’ai trouvé quelques évènements revenant trop souvent et devenant lassant, quelques longueurs, mais dans l’ensemble cela m’a bien plu. Ne serait-ce que par son sujet peu évoqué en littérature et par l’originalité de son écriture, ce roman vaut la peine d’être lu.


Nicole VOUGNY

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