vendredi 25 mars 2011

Mémoires de deux jeunes mariés d'Honoré de Balzac


Deux jeunes amies, à la sortie d’un couvent,  vivent leur vie et nous la font vivre, en nous dévoilant leurs sentiments à travers  leurs échanges épistolaires. L’une des deux est très romanesque et va se marier deux fois
( deux mariages à  «  l’amour inversé », adorée puis adoratrice). Son romantisme est différent de celui de Mme Emma Bovary (Flaubert). Celle-ci me semble plus tournée vers le monde, plus attirée par le luxe ou le pouvoir, en tout cas à la recherche d’un romantisme plus « humain », plus « matérialiste ». Louise, par contre, donne l’impression d’entrer en amour comme on entre en religion, mais en se sacrant elle-même déesse à qui tout est dû, à qui l’on peut tout demander à condition de le faire avec humilité et qui peut exercer un « sadisme moral » sur l’être aimé sans que celui-ci doive se sentir offensé. Elle veut être aimée sur terre à l’égal de Dieu mais pas uniquement en esprit. C’est le genre d’amour qui ne résiste ni au temps, ni aux contraintes mais certains préfèrent vivre leur vie ou/ et leur passion moins longtemps mais avec plus d’intensité. La vie de Louise ne pouvait pas être différente. Je me demande si le romanesque doit nécessairement aller de pair avec le narcissisme.
Renée, l’amie de couvent de Louise, est  différente. Sa personnalité préfère le concret, les idées qui débouchent sur des projets réalisables et réalisés, l’amour qui donne, « porte des fruits ». Sa vie construit et va vers les autres ( à l’inverse de celle de Louise qui tourne autour d’elle en circuit fermé). De même, l’énergie : Renée se sert de son énergie pour donner la vie, la conserver, surveiller et élever ses enfants.
Elle s’en sert également pour stimuler son mari, lui donner confiance en ses possibilités et ses ambitions. Louise, au contraire, cherche à dominer l’autre ou a peur de le perdre mais uniquement par rapport à ses propres sentiments. Deux tempéraments opposés ou, peut-être, deux côtés d’une seule et même personnalité : en effet, aujourd’hui, les femmes arrivent plus ou moins bien à concilier romantisme, passion, travail, maternité. Cela devait être plus nuancé à l’époque où se situe le roman, conditions familiales, sociales et professionnelles étant totalement autres.
Echange épistolaire « à l’ancienne » où chaque mot est choisi avec soin. Son roman n’est composé que de cet échange qui va durer plusieurs années mais l’auteur arrive, à travers les descriptions, à nous faire vivre toutes les actions des personnages et à nous faire ressentir leurs sentiments respectifs.
Lire Balzac est toujours un vrai régal, on ne s’en lasse pas.


Thérèse VITRANT

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