En planque devant l’un des bars appartenant à Tommy Telford, l’un des jeunes loups de la pègre d’Edimbourg, l’inspecteur Rebus, venu prêté main forte à deux collègues de la brigade criminelle, assiste impuissant au démarrage en trombe d’une voiture de laquelle vient de tomber le corps d’un homme scalpé… Hasard ? Sûrement pas ! Plutôt la mise en garde de la part du « Gros » Ger Cafferty, chef de la pègre local envers un concurrent un peu trop gourmand. Si pour la police, arrêter Telford, c’est éviter une nouvelle guerre des gangs, pour Rebus, c’est avant tout sauver Candice, la jeune prostituée bosniaque, d’un avenir sans horizon. Alors que Rebus se démène pour trouver à la jeune fille une famille d’accueil, il se voit confier un autre dossier, l’affaire Lintz, du nom du principal suspect, soupçonné d’être un ancien SS criminel de guerre réfugié en Ecosse ayant participé en juin 1944 au massacre de tout un village français...
L’inspecteur John Rebus, personnage central et récurrent chez Ian Rankin est, je trouve, de la lignée de ces policiers, comme le commissaire Kurt Wallender cher à Henning Mankell ou l’inspecteur Jo Faraday, le héros des romans de Graham Hurley, obsédés par leur enquête au point de négliger leur vie personnelle jusqu’à un point de non retour. Ancien alcoolique, Rebus est solitaire, pessimiste, névrosé. Divorcé, sa famille se résume à une fille, Samantha, envers laquelle il a du mal à exprimer son amour. Pourtant, un tragique accident de la route à la suite duquel Samantha tombe dans le coma, lui rappelera oh ! combien la vie est fragile.
Pour avoir lu plusieurs autres romans de Ian Rankin, je pense que celui-ci est l’un des plus aboutis tant sur le plan de l’intrigue que sur celui des personnages. Durant tout le roman, Ian Rankin, nous fait découvrir une nouvelle face de l’inspecteur Rebus, celle de l’interrogation et des remords : « Vaut-il vraiment mieux que ces nazis, lui qui n’a rien dit, rien fait quand, soldat en Ulster, ses camarades organisaient des descentes dans les bars catholiques où tous les coups étaient permis ? ». On le suit pas à pas dans sa quête d’identité : auprès de sa fille mais aussi de son ex-femme Rhona, de la jeune prostituée Candice, de son mentor Jack Morton et de tous les personnages, amis ou ennemis, qui jalonnent sa route... John Rebus, un héros tristement humain et pourtant terriblement attachant.
Pierre LUCAS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire