lundi 24 septembre 2007

L'homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy

Ben Bradford vit une vie normale d'avocat aisé : femme qui l'aime, deux enfants, bien que le dernier soit particulièrement difficile à gérer, boulot train train, pas très intéressant mais très bien payé et dont les perspectives d'évolution sont très intéressantes. Matériellement parlant, il a et peut obtenir ce qu'il veut. Mais dans sa tête, Ben est obligé de refouler ses envies, celles notamment de devenir photographe. Oh, il la compense en s'achetant le dernier cri des nouveautés en matière de photographie semi-professionnelle mais il ne s'évade pas. Et il s'en contente. C'est toute la différence.
Jusqu'au jour où, fatalement, tout bascule. Sa femme le trompe et le pire arrive. Il tue l'amant. Son métier et ses connaissances dans le droit vont faire de lui un meurtrier au crime parfait. Il va usurper l'identité de sa victime, salaud notoire. Entre culpabilité, remords, égoïsme ou tout simplement l’envie de vivre non sa propre vie mais celle de l'Autre, il va réaliser son rêve, devenir photographe. Le style de Douglas Kennedy coule, sans fausse note. L'histoire défile, implacable. C'est logique, bien écrit, sans concession. On vit dans la tête du héros, ses moments d'errance, de doute et ses moments de réussite, qu'il a du mal à assumer. Les détails sont omniprésents tant au niveau technique de la photographie que dans les décors, les descriptions de lieu ou de personnes. Les images se forment naturellement dans la tête. Mais lorsque on a lu le dernier mot, il reste comme un manque. Quelque chose que je ne saurai expliquer. On a suivi ses rencontres et tout son chemin de croix pour tenter de se pardonner à lui-même, Mais tout cela est trop. Trop pour un seul homme. On se demande comment quelqu'un peut encore assumer tout ça en existant, coûte que coûte ? Jusqu'à quel point est-on prêt à vivre ? A quel point aussi notre égoïsme peut-il prendre le dessus dans les relations avec les autres ? Le livre provoque, au final, une espèce de malaise. La morale en reste-elle pour autant sauve ? Mais le pari de l'auteur est réussi et le livre interroge. Benjamin DUQUENNE

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