mardi 27 novembre 2007

Le lendemain elle était souriante de Simone Signoret

De la loge de sa maquilleuse qui la suit depuis des années de tournages en chambres d’hôtel avec sa « cantine » magique qui peut transformer une femme de 1974 en rescapée des camps à la cour d’assises d’Amiens où elle assiste au deuxième procès de l’affaire Goldman, Simone Signoret nous prend par la main et nous entraîne avec simplicité dans son univers de pensées.
Mais le sujet de ce livre qui apparaît très vite au lecteur est plus important que ces quelques bribes de vie de cette grande actrice qui jalonnent au présent les marques plus profondes d’une première aventure d’écriture. Et de procès il est question d’un autre, celui qu’elle a intenté à des mécréants (dont un certain Jean-Edern Hallier) qui ont osé mettre en doute non pas son talent d’écrivain mais son véritable titre d’auteur d’autobiographie ! Et comment douter après ces pages qui nous entraînent sur le chemin de ce premier livre de plus de 600 pages (La nostalgie n’est plus ce qu’elle était) qu’elle a écrit de Saint-Paul-de-Vence à sa maison d’Auteuil pendant plus d’un an, connaissant le vide narguant de la page blanche posée sur cette machine à écrire qu’elle emmènera avec elle dans cette lourde malle noire, ce « gros chat » qui la suit même en avion et qui peut se faire oublier sous un piano pour laisser l’actrice vivre et tourner. Elle ira au bout de cette aventure qui était partie d’une anecdote racontée à des amis : « mais tu devrais le raconter dans un livre !! ». D’une première idée de collection du type Dialogues avec… de l’éditeur Le seuil, elle racontera ses souvenirs à Maurice Pons : une belle rencontre mais ces paroles retranscrites la déçoivent et, sans se douter de rien, elle commence à écrire ses souvenirs elle-même. Et nous le raconte.
J’ai choisi ce livre pour son auteur ne sachant pas du tout à quoi m’attendre : d’une écriture vivante, on retrouve (ou découvre) une femme franche et drôle, éprise de justice qui écrit on le sent avec bonheur même si ce livre témoignage fut entrepris suite à ces paroles médisantes entendues un matin de tournage à la radio. Elle donne beaucoup au lecteur sans souffrance : elle veut que les choses soient dites et c’est une tranche de vie insoupçonnable qu’elle nous livre dans ces pages…souriantes. Fanny JOLIVET

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